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Geolith : l’extraction du lithium passe à l’heure verte

Lauréat du programme France 2030, la jeune pousse innovante Geolith, experte dans le développement de méthodes d’extraction du lithium innovantes, a suivi le programme Accélérateur Néo Startups industrielles de Bpifrance, d’avril 2024 à mai 2025. Retour avec Fadil Aimetti, directeur des opérations au sein de la société et en charge des sujets liés à l’industrialisation, sur les principaux apports du programme lancé par Bpifrance.


Conduire l’industrie du lithium
« vers un avenir durable ». C’est depuis 2016, toute l’ambition de Geolith. La start-up française fondée en 2016 par l’entrepreneur Jean-Philippe Gibaud, s’est spécialisée dans le développement de procédés techniques innovants pour une extraction moins polluante et plus efficace du lithium. « Le lithium est traditionnellement extrait de deux manières, soit par l’exploitation minière en Australie, soit par l’évaporation de lacs salés en Amérique latine, principalement au Chili, en Argentine.
Aujourd’hui, 95 % du lithium du monde viennent d’Australie, du Chili, de l’Argentine et de Chine », avance Fadil Aimetti, directeur des opérations chez Geolith.  

Le lithium, une ressource essentielle pour le secteur industriel 

Utilisé pour les batteries des véhicules électriques, les smartphones ou des appareils électroniques du quotidien, ce métal léger mondialement convoité représente une ressource indispensable pour le secteur industriel français. Le projet de mine de lithium dans l’Allier (à Echassières) par le groupe Imerys fait partie par exemple des grands projets industriels observés de très près, tant sur le territoire hexagonal que dans le reste de l’Europe. Ceci, en raison notamment de la forte croissance du marché des véhicules électriques mais aussi du potentiel en termes de création d’emplois, dans un contexte de réindustrialisation. Selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), la demande en lithium devrait être multipliée par 6 en 2030. Sa consommation annuelle pourrait quant à elle atteindre quelque 800 000 tonnes en 2040, rien que pour les véhicules électriques.

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Avec sa technologie Li-Capt®, la jeune pousse offre « une solution made in France pour diversifier les sources de lithium », précise l’ingénieur en génie des procédés. Sa méthode permet de prélever le lithium « à l’intérieur des liquides, en continu, et de manière beaucoup plus rapide et sélective ». Résultat : la consommation d’eau et l’impact carbone est sensiblement réduit par rapport aux méthodes d’extraction actuelles.

« Notre technologie permet à des clients de plusieurs secteurs, dont la géothermie, de devenir producteurs de lithium, en leur fournissant une technologie facile à mettre en œuvre. Notre innovation, ce sont des colonnes d’extraction de lithium. » L’entreprise développe actuellement son activité sur son site de production de Schiltigheim (proche de Strasbourg) et prévoit la construction d’un site industriel situé à Haguenau (Alsace). Objectif à court terme : produire 2 000 colonnes Li-Capt® par an. Et, à long terme : produire 36 000 colonnes Li-Capt® par an. « Il se trouve que cette future usine se trouve près de là où on avait été accueillis en pépinière pour finaliser le prototypage », mentionne Fadil Aimetti.

« Ce qu’on est venu chercher, c’est la rencontre avec d’autres entrepreneurs engagés »

Lauréate 2023 de l’appel à projets Première usine, lancé par France 2030, Geolith fait partie des douze startups ayant intégré en avril 2024, la quatrième promotion de l’Accélérateur Néo Startups Industrielles de Bpifrance. Un accompagnement de plusieurs mois qui a pour objectif d’aider ces jeunes pousses à passer à l’échelle industrielle. Avec un « mode de gouvernance inclusif et original » Geolith a su tirer profit des différentes phases de l’accompagnement du programme de Bpifrance concentré sur deux axes : le collectif et le conseil. Pour Fadil Aimetti, qui a rejoint l’aventure il y a trois ans, d’abord en tant que consultant dans le cadre de la constitution du dossier « Première usine », puis en tant que directeur des opérations en charge de l’industrialisation, l’un des apports majeurs de l’Accélérateur réside dans la richesse des échanges entre pairs.

« Ce qu’on est venu chercher, c’est la rencontre avec d’autres entrepreneurs engagés », explique-t-il. En côtoyant d’autres startups innovantes confrontées à des défis similaires, l’équipe de Geolith a trouvé un espace d’échange précieux. « Grâce à l’intelligence collective, nous avons pu discuter de solutions concrètes à nos problématiques communes », souligne-t-il encore. Ces temps d’échange, renforcés par les séminaires et les visites d’usines, ont aussi permis de tisser des liens entre dirigeants.

Maturité et performance industrielle

Au-delà du réseau, l’accompagnement a également permis des avancées concrètes sur le plan opérationnel. Lors de la visite d’audit du programme de l’Accélérateur Neo Startups industrielles, sur le site de Schiltigheim, dans le Bas-Rhin, où Geolith a inauguré son premier atelier de fabrication en 2023, un expert a pu identifier rapidement des axes d’amélioration, tout en confirmant la maturité de l’entreprise. Parmi les axes identifiés figure le besoin d’un ERP industriel, un système d’information dédié à la gestion de la production, à la chaîne d’approvisionnement et au suivi financier. « Grâce au consultant rencontré dans le programme, j’ai pu être conseillé sur la rédaction du cahier des charges », témoigne Fadil Aimetti.

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Autre conseil qui a profité à la société : celui portant sur la performance industrielle. Il s’agit d’un élément crucial pour Geolith qui en est à une période de renforcement de sa culture industrielle. C’est-à-dire ? « Initialement, une startup est focalisée sur la recherche et le développement (R&D), sur la technologie, voire sur les premiers clients avec lesquels on a pu tester des prototypes. Or l’entreprise se transforme au fur et à mesure qu’on accueille du personnel qui est formé et dédié à la production, développe Fadil Aimetti. C’est, quelque part, une culture différente qu’il faut intégrer et faire coexister avec la culture initiale. Sur le sujet, notre équipe est accompagnée par une personne expérimentée. Cela permet de travailler sur la sécurité, le pilotage de la production, sur ce qu’implique la montée en cadence, le lean management et la qualité », présente-t-il encore. 

Des défis orientés vers la « synchronisation » du développement commercial et la « captation de marchés » 

Soutenu le long de son parcours entrepreneurial par l’Ademe, Bpifrance, l’Union européenne mais aussi la région Grand-Est, Geolith, qui a été créée il y a neuf ans, possède de nombreux atouts, notamment « liés à son histoire », fait savoir son directeur des opérations. Celui-ci évoque par exemple la force de l’entreprise qui a su trouver des investissements en continu de la part d’investisseurs et de partenaires institutionnels. Composée aujourd’hui de 33 salariés, la start-up souhaite poursuivre sur cette lancée en prévoyant d’ici quelques années de nouvelles embauches.
Quels sont les défis qui attendent la société désireuse de devenir « le leader de l’extraction directe du lithium » ? Aux yeux de l’expert industrialisation, les « défis que nous avons encore à relever aujourd’hui portent sur la synchronisation de notre développement commercial, de notre volume de production et de nos investissements. Nous sommes actuellement en pleine levée de fonds qui vise à se doter d’un outil de production qui permette de mieux répondre aux besoins du marché. Et en même temps, on a besoin de capter la part de marché ». Des projets encore à tracer mais en bon chemin.

Pour en savoir sur le programme d’Accélérateur suivi par Géolith, découvrez le Webinaire de présentation de l’Accélérateur Néo Startups industrielles le mardi 17 juin 2025 à 12h00

Un programme d’accompagnement proposé par Bpifrance pour les dirigeants de startups industrielles qui souhaitent définir leur stratégie d’industrialisation, identifier des opportunités commerciales et être accompagnés jusqu’au dernier kilomètre de leur industrialisation. Grâce à un accompagnement sur mesure, cet Accélérateur combine, sur 12 mois reconductibles, des missions de conseil individuelles, des sessions de formation collectives et de la mise en relation.

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