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TEE, relocalisation… Quel avenir pour l’industrie textile française ?

Alors qu’elle connaissait un renouveau et renouait avec sa croissance, l’industrie textile a subi les conséquences des crises sanitaire et économique. Elle n’est pourtant pas en reste, portée par de nouveaux enjeux dont nous a parlé Yves Dubief, président de l’Union des Industries Textiles (UIT) 

« Dans le plan de relance, l’industrie textile peut trouver des mesures qui lui seront bénéfiques dans les axes traitant de la numérisation, de la Transition Ecologique et Energétique (TEE) ou de la relocalisation ». Plusieurs chapitres à appliquer à la filière, plusieurs moyens de la faire évoluer.  

Verdissement de la filière : un enjeu d’hier et d’aujourd’hui 

« Avant France Relance et le G7 de Biarritz en 2019 (pendant lequel 32 entreprises leaders du secteur de la mode et du textile ont cosigné un « Fashion Pact » les engageant à trouver des solutions pour le climat, la biodiversité et les océans – NDLR), l’industrie de l’amont de la filière avait déjà fait d’énormes progrèsen matière d’écologie », explique le président de l’UIT. Si les initiatives se multiplient aujourd’hui, Yves Dubief tient à souligner que les différents acteurs des industries textiles n’ont pas attendu la vague verte pour responsabiliser leurs productions. Il cite, entre autres, les normes françaises en matière de rejet d’eau, « tout à fait à la pointe », les stations d’épuration imposées « qui sont déjà une vieille histoire », ou encore la réglementation européenne relative aux colorants, qui s’impose à la filière depuis une vingtaine d’années.  

Diverses obligations qui, associées à la transformation que connaît le secteur aujourd’hui, ne répond pas juste à une tendance de marché, mais implique également des conséquences positives sur la réussite business des entreprises. « Toutes ces normes que nous devons respecter entraînent une amélioration du compte de résultat du fait de consommations plus basses d’énergie ou d’eau, entre autres». Bonnes pour la planète, bonnes pour les chiffres, les normes et initiatives qui nourrissent la TEE des entreprises de l’industrie textile alimentent ainsi un double enjeu. Mais même s’il constate de belles avancées, Yves Dubief ne néglige pas que des efforts sont encore nécessaires à d’autres niveaux.  

L’innovation au service du verdissement  

« Il y a deux axes à approfondir : l’optimisation de la matière première, qu’il s’agisse de fibre, de fil ou de tissu pour le produit fini ou semi finiet le recyclage des tissus, voire des objets confectionnés. ». Pour répondre à ces deux enjeux, Yves Dubief prône l’éco-conception, même s’il constate qu’il ne s’agit pas encore d’une « réalité ». Il salue la force d’innovation du secteur, qui multiplie les essais : « certains innovent en transformant la matière première issue d’objets non textiles – des bouteilles plastiques, par exemple – en tissu recyclé, qui pourra être repris, collecté, déconstruit pour refaire de la fibre »

Mais avant de transformer, il est également possible de remplacer. «Pour ce qui concerne l’UIT, à savoir l’amont de la filière textile, il y a un point délicat : on utilise beaucoup de coton, qui est une fibre dont la culture nécessite beaucoup d’eau.». Encore une fois ici, Yves Dubief salue l’évolution des pratiques, en mettant en avant l’utilisation du lin et du chanvre comme alternatives intéressantes. « La France assure près de 75% de la production européenne de lin, et le chanvre, qui était habituellement utilisé pour l’isolation, commence à être utilisé dans les approvisionnements de fibres pour le textile et la mode. ». A chaque problème, sa solution. Yves Dubief note également l’importance d’intégrer à la réflexion des industriels la tendance de l’achat de seconde main. «Cette tendance va continuer de peser sur la consommation de vêtements ». De quoi pousser un peu plus le secteur à innover pour responsabiliser son activité, même si le président de l’UIT tient à le préciser : si l’industrie textile traîne sa mauvaise réputation, c’est principalement pour son secteur modequi souffre de l’export de sa production.  

#JeSoutiensLeTextileFrançais 

« Une grande partie des produits n’est pas fabriqué en Europe. Ce sont des produits qui voyagent, le rejet de CO2 est donc très important. Ils sont aussi fabriqués pour la plupart dans des pays qui ne respectent pas les normes environnementales que l’on connait en Europe, et plus particulièrement en France. Si on se concentrait sur la mode fabriquée en France et en Europe, pour le consommateur européen, on ne parlerait pas d’industrie aussi polluante.». Le consommateur en question, l’UIT s’est donnée pour mission de le convaincre des bienfaits d’acheter français. « Protéger votre santé et l’environnement », «sauvegarder des emplois et le savoir-faire », « réduire l’impact carbone lié au transport », tels sont les arguments avancés par la filière dans le cadre de son opération #JeSoutiensLeTextileFrançais » lancée en juillet dernier.  

Pour que les actions en faveur d’une production plus française se multiplient côté consommateurs, mais également côté industriels, Yves Dubief tient également à profiter du chapitre de France Relance dédié à la réimplantation et la relocalisation du développement de l’outil de production. Un chapitre qui définit un certain nombre de mesures favorables aux ambitions de l’UIT, mais qui ne suffira pas sans actions du politique pour en finir avec la crise de la Covid-19« Du politique, on attend surtout qu’il gère la crise sanitaire, et qu’il aide les entreprises les plus en difficulté. ». En outre, Yves Dubief ne compte pas rester passif et tient à ce que l’industrie textile, et plus particulièrement la mode, évolue par son mode de distribution et son repositionnement d’article« C’est à l’ensemble des acteurs du secteur de se mobiliser ». L’appel est lancé.  

 

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