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Prophesee, un « oeil » technologique au service de l’industrie 4.0

Après avoir permis à des aveugles de retrouver la vue, Prophesee a créé un capteur neuromorphique, appelé Metavision, qui pourrait révolutionner la maintenance prédictive dans l’industrie.

« Notre technologie est unique au monde, issue de presque 30 ans de travaux de recherche et née d’une approche très originale inspirée du fonctionnement biologique », lance Luca Verre, CEO de Prophesee. Depuis Paris et Grenoble, la start-up qu’il dirige développe un capteur neuromorphique et des algorithmes d’intelligence artificielle dédiés.

Luca Verre CEO Prophesee

Lancée sous le nom de Chronocam en 2014 par Luca Verre, Bernard Gilly, Christophe Posch et Ryad Benosman, la société change aujourd’hui de dimension. Fin octobre, elle a annoncé une levée de fonds de 25 millions d’euros, portant le total des fonds levés depuis sa création à 61 millions d’euros. Plus récemment, elle a signé un accord avec l’Allemand Imago, spécialisé dans les caméras intelligentes. De quoi booster la commercialisation de sa technologie.

Maintenance prédictive : prévoir les pannes grâce aux variations de vibrations

D’abord exploitée par la médecine pour redonner la vue à des aveugles, la rétine artificielle de Prophesee se tourne désormais vers l’industrie. « Dans le monde de l’industrie 4.0, notre capteur est utilisé pour des applications de contrôle qualité, d’inspection et de maintenance prédictive », détaille Luca Verre. Par exemple, la caméra bio-inspirée peut mesurer en temps réel les fréquences et amplitudes de vibration d’une machine. « Des changements infimes livrent des indications significatives sur une potentielle panne à venir ». Prévoir la panne d’une ligne ou d’un robot pick and place avant qu’elle ne survienne en captant les vibrations ou des mouvements anormaux. Prophesee n’a pas choisi son nom par hasard.

VisionCamEB Imago - PROPHESEE

Contrairement aux caméras classiques, le capteur Metavision ne fonctionne pas selon le principe de l’image par image, mais de vision par événement. À l’instar de nos cellules rétiniennes, ses quelque 300 000 pixels intelligents sont asynchrones et indépendants : chacun se déclenche seulement s’il détecte un changement. Beaucoup plus précis (il est capable de voir l’équivalent de plus de 10 000 images par seconde), le capteur consomme paradoxalement moins d’énergie et de données. À côté, ses algorithmes sont capables d’effectuer en temps réel des calculs complexes. Metavision est également utilisé pour effectuer du comptage rapide, des soudures laser ou de l’inspection de surfaces.

En 2020, une accélération à l’international

Depuis sa création, Prophesee a conçu plusieurs générations de capteurs et a participé à plus de 200 projets pilotes. Sa récente levée de fonds va lui permettre de passer à la vitesse supérieure en matière de commercialisation à l’international. Pour y parvenir, outre son accord avec Imago, la start-up française pourra s’appuyer sur des partenaires de pointe : Fujitsu aux États-Unis ou encore Okaya Electronics au Japon. Luca Verre espère annoncer la signature de nouveaux partenariats dans les mois à venir.

« Nous cherchons des early adopters industriels, comme Imago, ou d’autres constructeurs de machines industrielles en Europe ou au Japon, souvent plus ouverts d’esprit car portés depuis toujours sur l’innovation, confie le CEO. Nous avons besoin de leaders d’opinion, de success story. Ce sont les meilleures cartes de visite pour nous. »

Basée à Paris, Grenoble, Tokyo et dans la Silicon Valley, Prophesee compte aujourd’hui une centaine d’employés. En parallèle du déploiement à grande échelle de son capteur de 3e génération, elle prépare depuis peu la commercialisation de sa V4, prévue pour 2020-2021. Grâce à une résolution plus haute, celui-ci devrait lui permettre d’atteindre de nouveaux marchés, comme celui de la téléphonie mobile, de l’Internet des objets (IoT) ou encore de l’industrie automobile.

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