Design Sans Titre (1)

HypnoVR réduit le stress et l’anxiété par la réalité virtuelle

L’entreprise strasbourgeoise HypnoVR a fait le pari d’hypnotiser des patients à l’aide d’un casque de réalité virtuelle. L’objectif ? Réduire leur douleur, leur anxiété, et in fine les doses médicamenteuses reçues. La méthode, scientifiquement prouvée, porte ses fruits. 

Se retrouver sur une plage à Hawaï, écoutant une musique à visée thérapeutique, au lieu de visualiser votre dentiste en train de vous arracher vos dents de sagesse… Tentant non ? HypnoVR développe des thérapies digitales certifiées pour réduire la douleur et l’anxiété, à destination des professionnels de santé. Avec un objectif de recherche du confort des patients avant tout, l’entreprise alsacienne travaille à diminuer l’usage des médicaments par le biais d’une immersion unique, multisensorielle et thérapeutique, à l’efficacité scientifiquement prouvée. 

HypnoVR, un pur produit de la medtech 

Nicolas Schaettel, co-fondateur et CEO d’HypnoVR vient du monde de la tech et de l’entreprenariat, tandis que ses deux autres associés sont médecins anesthésistes. Les trois entrepreneurs se sont rencontrés via l’écosystème medtech alsacien. Les deux praticiens utilisaient alors l’hypnose en bloc opératoire pour traiter la douleur et l’anxiété, et ont constaté que la méthode avait du mal à se développer, malgré une efficacité démontrée scientifiquement. « Pour faire de l’hypnose il faut quelqu’un de formé, ce qui coûte de l’argent et du temps, et disponible face à un seul patient pour une durée conséquente. C’est problématique quand on sait qu’aujourd’hui, un praticien s’occupe de plusieurs patients en même temps », décrypte Nicolas Schaettel. 

C’est à la suite de ce constat que l’idée d’HypnoVR a commencé à faire son chemin. L’objectif ? Associer l’hypnose médicale et la réalité virtuelle pour proposer un traitement non médicamenteux contre la douleur et l’anxiété. Emmener le patient dans un monde de confort et de sécurité imaginaire en créant un logiciel et en exploitant la réalité virtuelle. Après des premiers essais en 2016, Hypno VR commercialise ses casques depuis fin 2018, et rencontre un beau succès. 

L’hypnose, une méthode remise au goût du jour 

L’hypnose n’est pas nouvelle, loin de là. Elle existe, comme l’explique Nicolas Schaettel, depuis environ 300 ou 400 ans, mais connait un réel intérêt et déploiement depuis 70, 80 ans. Aujourd’hui, « plus de 300 études cliniques démontrent l’efficacité de cette méthode dans la prise en charge de la douleur et de l’anxiété, et il existe en France des instituts de formation dédiés à l’hypnose pour les professionnels de santé, tel l’institut Emergences », souligne le directeur.  

Dans un contexte actuel de ‘méfiance’ envers certains traitements médicamenteux dans certains pays développés (suite notamment à la crise des opioïdes aux Etats-Unis, des traitements contre la douleur qui ont engendré de terribles phénomènes d’addiction, ndlr), et de population vieillissante qui a plus de mal à récupérer des anesthésies générales, la proposition de réduire les doses médicamenteuses est bien accueillie. L’hypnose suscite par conséquent un intérêt grandissant, même si les soins ne sont pour le moment pas remboursés. 

Un outil complémentaire à l’anesthésie, et pour diverses applications 

Pour Nicolas Schaettel, l’objectif d’HypnoVR n’est absolument pas de remplacer les anesthésies, mais bien d’apporter une complémentarité pour optimiser les doses d’anesthésiant utilisées. Maximiser le confort du patient, qui reste conscient, puis sa récupération. D’ailleurs, comme l’explique le CEO, le médecin n’est jamais loin, dans le cas où l’opération ne se passe pas comme prévu. 

Qu’en est-il des applications ? Les casques d’HypnoVR sont beaucoup utilisés en chirurgie orthopédique (opérations du canal carpien, hallux valgus, prothèse de hanche…), en cardiologie (pose de pacemaker, stents…), mais aussi en-dehors du bloc opératoire (pour des procédures longues comme en oncologie pour la chimiothérapie). « On a commencé au bloc opératoire, pour rapidement nous ouvrir à tout l’hôpital. Actuellement, nous sommes en train d’extrapoler HypnoVR hors de l’hôpital, chez les chirurgiens-dentistes notamment, qui ont une patientèle très anxieuse. On a développé pour eux il y a trois mois un casque spécifique, moins volumineux », confie Nicolas Schaettel. En ce qui concerne l’anesthésie générale, HypnoVR se positionne uniquement en alternative aux opérations dites ‘de confort’, pour lesquelles une anesthésie générale n’est pas obligatoire, par exemple pour une coloscopie. 

La méthode a quelques limites, notamment pour les épileptiques, lors des accouchements ou IRM (les casques peuvent affecter le champ magnétique, ndlr). Cependant, la technique HypnoVR peut être utilisée en amont du travail d’accouchement et de l’IRM grâce à la rémanence de l’expérience HypnoVR, qui permet de prolonger l’effet quelques heures après la séance.  

Comment fonctionne le casque HypnoVR ? 

Le patient est plongé dans un monde virtuel, associé à de la musique et des textes de suggestions hypnotiques. Mais rien n’est laissé au hasard. Des techniques extrêmement structurées permettent un accompagnement sur mesure. Quand un patient va faire une séance, le praticien va rentrer des paramètres adaptés à ce dernier : le type de procédure, la durée fixe ou variable, le sexe et la langue de la voix qui accompagne le patient, la préférence musicale, l’univers le plus ressourçant : forêt, lac, plongée sous-marine, plage tropicale… « On a construit ces expériences pour emmener le patient dans cet endroit dans lequel il se sentira bien, en sécurité, avec une sensation de confort », insiste Nicolas Schaettel. 

Les casques à proprement parlé ne sont pas fabriqués par HypnoVR, mais par des sociétés tierces. « Ils sont réalisés par Meta, HTC, Pico… On souhaite bientôt se fournir chez un producteur français », indique le directeur. 

Le renouvellement des abonnements, témoin du succès de la méthode 

Le business modèle d’HypnoVR ? Un abonnement destiné à 95% aux hôpitaux et cliniques. « On équipe plus de 500 hôpitaux et cliniques aussi bien privés que publics. Le renouvellement de l’abonnement ainsi que nos campagnes de satisfaction montrent que les praticiens sont contents de nos casques », s’enthousiasme Nicolas Schaettel. Quant aux patients, ils ne payent pas de surplus, les casques sont à la charge des hôpitaux, qui les incluent dans leur prise en charge et leur forfait soin. 

Le succès d’HypnoVR se mesure aussi à l’international. « On a racheté des actifs d’un concurrent belge l’an dernier, on a une filiale suisse, et on commercialise la solution dans une dizaine de pays. On vise d’ailleurs à devenir leader mondial dans le traitement de la douleur et de l’anxiété », déclare le directeur. 

La réalité virtuelle, un outil de soin qui pourrait améliorer la santé mentale 

Selon Nicolas Schaettel, la France est quasiment championne du monde dans le domaine de l’utilisation de la réalité virtuelle pour se soigner. « Plus de 30 communications scientifiques montrent l’efficacité de la réalité virtuelle pour la santé », témoigne Nicolas Schaettel, pour qui toute concurrence est appréciable car elle améliore le confort des patients.  

« Avec les traitements contre la douleur et l’anxiété, on arrive proche du domaine de la santé mentale, où les enjeux de prise en charge des patients et citoyens sont extrêmement importants. On a mis en pause nos travaux sur les phobies et addictions, ce sont des domaines trop différents », explique Nicolas Schaettel. HypnoVR s’intéresse pourtant grandement à la santé mentale des Français, et aux outils numériques pouvant participer à l’améliorer. L’entreprise est d’ailleurs un membre fondateur de l’association MentalTech, regroupant des acteurs de la tech qui développent des solutions dans le domaine.

partager cet article

ON VOUS RECOMMANDE AUSSI