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Webinaire « Industriels, visez le monde » :  quels sont les points clés à retenir ?

Le 21 novembre, à l’occasion de La Semaine de l’industrie, La French Fab et la Direction Export de Bpifrance ont organisé un webinaire spécial consacré à l’internationalisation des entreprises industrielles. Voici les points importants à retenir de ce webinaire.

Comment franchir le pas de l’export avec succès ? Quelles sont les stratégies à mettre en place pour développer son activité à l’international ? Organisé par la communauté La French Fab et la Direction Export de Bpifrance, le webinaire « Industriels, visez le monde » qui s’est déroulé le 21 novembre, lors de La Semaine de l’industrie, a fait un état des lieux des opportunités à l’international tout en apportant des éléments clés sur les bonnes pratiques à adopter pour bien se positionner sur le marché mondial. Quatre intervenants ont pris la parole lors de ce webinaire : Marie-Laure Jarry, PDG de l’entreprise Eurosubstrat Callac, leader européen du substrat incubé pour champignon exotique, Jérôme Hodapp, responsable senior des ventes Zone Eurowest chez Dassault Systèmes, Marie-Albane Prieur, directrice du développement Export Bpifrance et Baptiste Thornary, Responsable du Pôle Évaluation – Conjoncture – Macroéconomie chez Bpifrance, également économiste.

Chez Bpifrance « l’export intervient pour faciliter, connecter, financer et assurer l’ensemble des contrats commerciaux qui se lient entre des industriels français et des clients à l’international », présente Marie-Albane Prieur. Nous avons une équipe basée à l’international composé d’une vingtaine de personnes répartis sur 5 continents, nous avons également dans les territoires 50 implantations en régions avec des chargés d’affaires, des délégués internationaux qui vont à la rencontre des chefs d’entreprise pour leur proposer et construire avec eux l’ingénierie pour faciliter ces contrats ». Concernant le pôle Evaluation-Conjoncture-Macroéconomie, il est constitué d’une équipe de plusieurs économistes dont la mission est de suivre et de comprendre l’environnement macroéconomique s’imposant aux clients de Bpifrance. « Nous allons suivre ce qui se passe dans l’économie française mais nous regardons également ce qui se déroule dans l’ensemble du mode émergent », explique Baptiste Thornary, le responsable du pôle.

Malgré le contexte économique et géopolitique, l’économie mondiale résiste

Malgré une année 2025 « agitée », l’économie mondiale tient bon, expose Baptiste Thornary, en guise d’introduction à ce webinaire. Le responsable du pôle Evaluation-Conjoncture-Macroéconomie chez Bpifrance met en évidence plusieurs leçons à tirer en particulier sur le plan international. Tout d’abord : « la grande inquiétude » internationale de cette année, c’est-à-dire le protectionnisme américain « n’a pas brisé la dynamique du commerce mondiale ». Au contraire, le commerce mondial a accéléré (+ 5% de croissance en 2025) précise l’économiste. « C’est deux fois plus qu’en 2024 », ajoute-t-il malgré ce durcissement de la politique commercial. Mais si le commerce mondial a su « trouver des ressources » pour s’accrocher, le protectionnisme américain a tout de même eu des conséquences. Notamment aux Etats-Unis. L’économiste évoque un rebond de l’inflation lié à ces droits de douane, un refroidissement du marché de l’emploi, le tout sur fond d’inquiétudes autour de la politique de Donald Trump. Mais, en dépit de ces incertitudes, la croissance américaine « va quand même faire 3% », constate l’économiste. Cela en partie grâce aux investissements massifs sur l’intelligence artificielle, un marché qui pèse 40 % de la croissance américaine selon les estimations, avance Baptiste Thornary.

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Troisième message clé à retenir sur le plan international : les « déséquilibres internes » observées du côté de la Chine et la façon dont ils s’exportent dans le reste du monde provoquant une pression chez leurs concurrents. L’économiste explique que depuis plusieurs années, la dynamique du marché intérieur de la Chine est faible mais en parallèle la croissance chinoise tend à résister car leur « dynamique industrielle est toujours très forte ». Ainsi, les entreprises chinoises partent en quête de débouchés à l’étranger, cela installe une concurrence et une pression accrue notamment sur des segments technologiques et « marchés tiers » comme l’Europe. Enfin, les difficultés d’approvisionnements observées durant l’année 2025 et source d’inquiétudes pour les industriels ont « eu plutôt tendance à se réduire », développe l’économiste. Néanmoins, le contexte géopolitique (conflit Ukraine-Russie, contexte au Moyen-Orient) montre que les risques n’ont pas disparu et que la question de l’approvisionnement est encore un enjeu important pour les entreprises souhaitant franchir le pas de l’international.

Pour faire des affaires à l’étranger, il faut savoir se préparer face à l’imprévu

Comment s’organiser au mieux pour exporter ? Chez Dassault Systèmes, qui travaille avec 370 000 clients présents dans 159 pays, cette question est essentielle. En effet, Jérôme Hodapp explique que ces enjeux liés au contexte géopolitiques (déstabilisation des marchés, difficultés d’approvisionnement) font partie du quotidien des clients de la multinationale. Ainsi, « nous aidons les entreprises à être prêtes pour ce monde qui n’arrête pas de bouger et donc d’apprendre à saisir les opportunités à l’international afin d’être le plus proactives possible ». Le responsable senior des ventes évoque un exemple concret : celui de l’industrie pharmaceutique « très chahutée » par l’épidémie de la Covid. Comment s’adapter dont personne n’est capable de prévoir » ? fait partie des questions qui ont taraudé les industriels de ce secteur.  Dassault Systèmes a su apporter son expertise pour faire face à l’imprévu. « Nous les avons aidés à créer des usines modulaires qui sont capables en un laps de temps relativement court de s’adapter à des contextes différents », souligne Jérôme Haddap.

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Du côté de la PME Eurosubstrat Callac, dont le cœur de métier consiste à commercialiser un support de culture pour divers clients français et internationaux afin « qu’ils puissent développer, cultiver, vendre du champignon exotique type pleurote, shiitake, pholiote, crinière de lion », l’export représente 40 % de son chiffre d’affaires. « Nous sommes principalement en Europe. On exporte aussi en Israël et nous avons décidé d’accélérer au grand export », présente Marie-Laure Jarry, la CEO. Si les enjeux liés à l’imprévu notamment aux difficultés d’approvisionnement, au contexte géopolitiques sont bel et bien là, se matérialisant au niveau des charges ou aux coûts de l’énergie, cela reste aux yeux de la dirigeante un sujet autre que celui de « pouvoir concrétiser du business ». Et dans son domaine, l’entreprise qui a débuté une mission en Egypte début juillet et compte recevoir une délégation égyptienne début février 2026, observe une « très belle dynamique mondiale, une envie de commercer ». Et la cheffe d’entreprise Marie-Laure Jarry, d’ajouter : « Notre contexte à nous est que le champignon exotique est au début alors qu’il existe depuis très longtemps moi j’ai visé des marchés qui ne font pas du champignon exotique pour les inciter à le faire, et on voit que ça prend tout de suite. Les producteurs n’ont pas de frein ».

 


Pour s’internationaliser, il faut savoir s’entourer

Experts, spécialistes de l’export, réseau d’accompagnement… Si vous souhaitez développer votre business à l’international, il vous faudra miser sur le volet accompagnement pour vos levées de fonds et autres besoins de financement. Et cela tombe bien, puisque comme l’exprime Marie-Albane Prieur, directrice du développement Export chez Bpifrance, « la France est un pays où il y a le plus d’accompagnement en Europe ». Celle-ci évoque notamment l’offre complète de l’export chez Bpifrance, lancée en 2019. La stratégie prend appuie sur le déploiement d’une gamme à outils avec l’objectif « d’accompagner depuis la France l’ensemble des industriels dans leur garantie, leur schéma de financement pour leur internationalisation ». La partie conseil fait partie intégrale de l’ADN de la banque publique d’investissement. Le but étant d’aider les entreprises à s’autoriser à aller sur le marché de l’export, à « dénicher des marchés où nos industriels sont peu ou pas présents » alors qu’il existe des opportunités et des taux de croissance et de marges intéressantes. « Notre action globale en matière d’accompagnement se résume surtout à être dans un collectif », insiste la directrice du développement export. La team France export étant d’un important écosystème dont fait partie Bpifrance, Business France et les chambres. Le tout sous l’égide des régions. « L’idée est de concilier et de marier le dispositif financier à l’accompagnement », avance encore Marie-Albane Prieur (allant de la start-up aux grands comptes) avec pour objectif de partir en quête de contrats internationaux.

Marie-Laure Jarry, PDG de Eurosubstrat Callac a par exemple demandé le soutien de Bpifrance sur le volet de l’assurance export. L’entreprise a obtenu « une avance remboursable corrélée au succès que l’on va avoir dans le pays qu’on a ciblé. C’est un accompagnement sur la durée. Les trois ans nous permettent de faire plusieurs allers-retours dans les pays. Et c’est aussi conditionné au succès que l’on va avoir », témoigne l’industriel. Par la suite, la CEO décide de se faire accompagner par Business France. « Ma PME fait 6 millions de chiffres d’affaires, je ne peux pas partir trop longtemps, j’ai donc demandé à Business France de faire 100 % de RDV en 4, 5 jours. L’idée est de se faire accompagner pour être hyper efficace dans le peu de temps que l’on dispose ».

Savoir saisir les opportunités et comprendre les dynamiques internationales

Malgré le contexte actuel, les dynamiques internationales existent. Pour Baptiste Thornary, Responsable du Pôle Évaluation – Conjoncture – Macroéconomie chez Bpifrance, « la croissance est à aller chercher du côté de l’international ». Quelles sont les zones à explorer ? Des opportunités existent sur le long-terme du côté de la zone MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord) explique l’économiste. Il en de même pour l’Afrique, où les dynamiques sont structurelles et en accélération. Mais aussi l’Asie du Sud-Est qui est « en plein boom ». Enfin, il ne faut pas oublier l’Europe. Bien qu’elle souffre, les dynamiques sont encore là. L’économiste cite des pays de l’Europe du Sud qui font de la croissance à l’instar de l’Espagne (3% de croissance) mais aussi des pays de l’Europe du Nord tels que le Danemark, les Pays Bas, la Pologne. Bien que l’Europe soit le dernier terrain de jeu pour les entreprises qui exportent en France, elle abrite de nombreuses opportunités. Un point à retenir insiste Baptiste Thornary : les opportunités se trouvent et « dans un monde où il y a beaucoup de tensions commerciales, l’enjeu de diversification est très important ».

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