
Retour sur Big 2025 : « Ce n’est pas le fruit du hasard si l’industrie résiste » (1/2)
Mardi 23 septembre, A Big 11, de nombreux acteurs de l’industrie française ont énoncé leurs vérités lors d’un temps fort consacré à la résilience et à l’avenir du secteur. Retour sur les premiers moments de cette rencontre.
« Industrie française : et si la résilience était notre force collective ? ». Mardi 23 septembre, lors de la 11e édition de Big, des dizaines d’acteurs industriels ont été réunis lors d’une conférence organisée par Bpifrance et La French Fab. Malgré le contexte politique et économique actuel, le secteur a de nombreuses histoires de résilience à raconter. C’est ainsi que ce rendez-vous symbolique pour l’industrie, centrée autour du collectif La French Fab, lancé en mars dernier lors de Global Industrie pour « donner ses chances à la réindustrialisation », a été introduit par Mathieu Heslouin, directeur exécutif en charge de l’accompagnement de Bpifrance.
En guise d’introduction de ce temps fort pour l’industrie, il a rappelé l’objectif de ce nouveau collectif rassemblant les organisations et fédérations industrielles françaises qui ont souhaité s’unir derrière la bannière de La French Fab. Une initiative, qui a permis de structurer en « une puissance extrêmement concentrée et unie », un mouvement né en 2017, offrant auparavant l’image d’une industrie segmentée. L’objectif de ce collectif a été tout d’abord de lancer l’appel de Lyon, a rappelé Mathieu Heslouin, mais aussi de raconter « une histoire commune vis-à-vis des institutionnels, des pouvoirs publics ainsi que des Françaises et des Français » afin de leur dire que « tout est possible ». Un message essentiel auquel croit fort Bpifrance.
La résilience, c’est aider et accompagner tout l’écosystème industriel local
L’espace Pop-up s’est mué en une mini scène de Bang, afin d’entendre les discours de vérité de différents dirigeants industriels présents. Quelle est leur vision de la résilience industrielle ? Quels sont les leviers à déployer pour rendre possible cette résilience industrielle ? Il est important de croire en la résilience d’un secteur, qui, s’il connait aujourd’hui des moments de turbulences, a su renaître et se réinventer, a exprimé Anne-Sophie Bertin, directrice adjointe du département Cohésion sociale et territoire à la Banque des Territoires. Cette transformation de l’industrie est particulièrement palpable au sein des territoires. « L’industrie a effectivement besoin d’accompagnement, mais pas seulement l’industrie en elle-même, il s’agit d’aider tout l’écosystème local qui sous-tend la réindustrialisation, et à la Banque des territoires, nous sommes là pour ça », a-t-elle rappelé.
Lire aussi : Industriels résistants : « Il faut être tenace, nous y arriverons » (Bénédicte et Jean-Claude Paladini, Palchem)
Sur la thématique de la résilience, Vincent Moulin Wright, directeur général de France Industrie, tient à rappeler que celle-ci est en réalité un mélange de plusieurs concepts positifs et négatifs. Si la résilience peut s’entendre comme étant de la « résistance, de la robustesse, de l’adaptation, la capacité de rebond, du courage, de la ténacité, de l’endurance », elle est tout sauf de la « survivance ». Car l’industrie démontre bel et bien des signes de résilience sectorielle, explique t-il encore. Malgré la crise économique actuelle, la « guerre à nos portes », les relations commerciales complexes avec les Etats-Unis, la Chine, le directeur général de l’organisation professionnelle représentant l’industrie en France, souligne que certaines filières industrielles s’en sortent très bien. C’est le cas de la défense, de la santé, du luxe, de la sécurité. A contrario, la filière automobile est celle qui souffre le plus avec la chimie, l’acier ou l’agroalimentaire. Des secteurs qui sont en outre, des « fleurons de notre industrie française et européenne », précise Vincent Moulin Wright.
« Une partie de la résilience industrielle, tend à s’éroder »
Financement des formations pour orienter les jeunes vers les métiers de l’industrie, aide à la recherche de sites industriels clés en main, accompagnement sur le besoin de main d’œuvre, de logements pour les salariés d’entreprises industrielles… Les actions entreprises pour l’industrie par la Banque des territoires sont plurielles explique Anne-Sophie Bertin et s’inscrivent dans la dynamique de réindustrialisation de la France. Une dynamique soutenue notamment par les efforts des pouvoirs publics depuis plus de cinq ans. « Ce n’est pas le fruit du hasard si l’industrie résiste, soutient le directeur général de France Industrie. « Si le secteur et l’économie résiste aux assauts qu’ils rencontrent en ce moment, c’est parce qu’il y a eu ces 5 ou 6 années d’efforts intenses de la nation, par son budget, son soutien, par France 2030, le crédit impôts recherche, par tout un accompagnement. ». Néanmoins, une partie de cette résilience industrielle tend à s’éroder continue-t-il. « On a donc deux industries aujourd’hui. Celle qui va bien et qui résiste bien, puis sectoriellement, plus de la moitié de l’industrie qui ne va pas bien pour tout un tas de raisons. Notamment, le maintien ou non de cette politique de l’offre. »
« Les technologies peuvent permettre à l’industrie française de se réinventer »
Quels sont les leviers technologiques que possèdent la France pour rendre possible cette résilience industrielle ? A cette question, trois autres intervenants ont exposé leurs visions. Du côté de la technologie robotique, l’industrie est en pleine lancée. « Les robots sont bien intégrés dans notre société, il n’y a plus de sujet idéologique, un robot ne prend pas un emploi », a éclairé Olivia Poitau, secrétaire générale chez Evolis, organisation représentant les fabricants de machines et de biens d’équipement. Dans l’industrie, les robots vont pouvoir servir de solutions pour accompagner, diminuer la pénibilité des salariés. Notamment à l’heure où la main d’œuvre disponible sur le marché va baisser. Ils sont aussi des outils efficaces pour l’inclusion des salariés et la problématique de l’égalité hommes femmes, en particulier, dans le milieu du travail. Quels autres apports de la robotisation pour l’industrie ? « Le robot va pouvoir embarquer toutes les technologies associées avec l’IA, les jumeaux numériques, un certain nombre de sujet qui sont très abscons pour notre jeunesse. Il faut expliquer et vulgariser ces termes afin que les jeunes puissent découvrir tous ces métiers, dans un secteur qui propose de très belles carrières. La robotisation et l’automatisation, il faut y croire. » Comme il faut croire à la cybersécurité, cet autre levier, qui, dans un secteur comme l’industrie, n’est pas à négliger.
Lire aussi : L’intelligence artificielle, un outil de transformation profond pour l’industrie
« La cybersécurité, c’est l’accès à tout un tas de technologies, de data qui peuvent être un facteur différenciateur pour les industriels. Une industrie capable de gérer ses risques cyber peut faire la différence par rapport à ses concurrents », a détaillé Jean-Marie Saint-Paul, Président du comité Industrie du Gimelec. Ce dernier a également avancé qu’en 2024, les cyberattaques ont augmenté de 75% et cela est loin d’être fini. Si la cybersécurité est un danger, elle apparait aussi comme un levier d’opportunité pour les industries. « En tant que syndicat professionnel, nous en sommes convaincus. Nous sommes des apporteurs de solutions », pour les grandes entreprises mais aussi les PME, les petites entreprises, qui ont en besoin.
Plusieurs interlocuteurs ont mis en lumière la situation géopolitique actuelle mais aussi la pandémie, la guerre et la façon dont tous ces événements peuvent impacter les secteurs industriels. C’est là que les technologies peuvent entrer en scène et jouer leur part, selon Mehdi Houas, président de la commission Industrie de Numeum, syndicat engagé dans les entreprises du numérique. La 5G, le big data, la cybersécurité, l’IA, l’argentique, les jumeaux numériques, toutes ces technologies peuvent permettre par exemple de redéfinir une chaîne de production. « Ce sont les technologies qui vont permettre aujourd’hui à l’industrie française de se réinventer, se moderniser » mais aussi se protéger par rapport à tous les phénomènes exogènes, qui font que, malheureusement, la résilience va devenir à la mode pendant encore quelques années. ». Celui qui travaille dans les métiers du service, l’assure : « Face à toutes ces incertitudes nous avons besoin de plus de technologies, de plus d’analyses d’information pour pouvoir identifier la meilleure façon de gérer cette résilience ». C’est précisément le mariage entre l’industrie et les technologies numériques qui est nécessaire pour fabriquer une proposition de valeur à disposition des petites et moyennes entreprises tout en les aidant à ne pas avoir peur de les intégrer au sein de leurs écosystèmes.
Retrouvez l’analyse de la deuxième partie de cette rencontre le vendredi 17 octobre
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