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Les Influstriels : l’influence digitale au service de l’industrie 

Emilie Le Douaron, cofondatrice du collectif Les Influstriels / Crédit photo : Annie Frenot

/ Crédit photo : Annie Frenot

Redonner ses lettres de noblesse à l’industrie en se mobilisant autrement. Depuis bientôt un an, le collectif Les Influstriels prend cette mission à bras-le-corps. Aujourd’hui composé d’une cinquantaine de professionnels issues du monde industriel – notamment des dirigeants de PME ou d’ETI – ou souhaitant s’investir pour son attractivité, le collectif qui se décrit comme « apartisan, transgénérationnel, paritaire » a très rapidement su faire entendre sa voix.

Tout débute en 2024, lors de Global Industrie. « Le projet est encore balbutiant, on est plusieurs professionnels qui ont choisi de se réunir à l’occasion de cet événement car après la publication en ligne d’un document faisant la liste des personnalités intéressantes qui parlent des sujets en lien avec l’industrie et que le cabinet suivait de près pour réaliser sa veille, on s’est aperçu qu’on ne se connaissait pas, bien qu’on aborde des sujets communs », éclaire Emilie Le Douaron, cofondatrice du cabinet grenoblois MITI, spécialisé dans le marketing industriel. Celle qui a toujours eu une forte connexion avec l’industrie – elle a grandi près de Grenoble, bassin de la microélectronique avec un père qui a été ancien responsable de maintenance dans une usine – est aussi l’une des membres fondatrices du collectif avec Aurélien Gohier, consultant et directeur des opérations pour l’organisation Start Industrie et Olivier Lluansi, enseignant à l’Ecole des Mines, ancien délégué interministériel aux Territoires d’industrie et chargé en 2023 d’écrire un rapport sur la réindustrialisation de la France. C’est d’ailleurs lors de cette « grand-messe » de l’industrie, que l’expert en dévoilera pour la première fois les grandes lignes. « A ce moment-là, il y avait une super belle énergie. On s’est dit qu’il fallait coordonner nos efforts pour être plus impactant et arriver à porter des messages qui nous importent tous », souligne la dirigeante devenue porte-parole du collectif.  

Donner l’envie d’industrie grâce à l’influence digitale  

En quelques mois, le noyau d’influenceurs industriels en plein essaimage sur les réseaux sociaux s’est transformé en un réseau concret d’individus, qui ne sont pas là pour représenter des organisations ou des entreprises mais pour se mettre au service de l’industrie. Notamment par l’influence digitale. Il s’agit du premier levier que souhaite développer le collectif dans les prochaines années à venir, et ce, dans l’objectif d’améliorer l’image d’une filière en manque de reconnaissance et où 100 000 postes restent vacants. « L’influence digitale est complètement sous-utilisée dans le BtoB et encore plus dans le monde de l’industrie, or aujourd’hui, elle a besoin d’être plus visible, plus attractive », affirme Emilie Le Douaron. 
 
Avec cinq thématiques phares en ligne de mire (Nouvel imaginaire de l’industrie, Inclusion et Diversité, Responsabilité et Circularité, Savoir-faire et produits, Mobilisations territoriales), Les Influstriels s’inscrivent dans la lignée des initiatives, mouvements et manifestations autour de l’industrie et de la réindustrialisation, en effervescence depuis 2017. « L’idée n’est pas de réinventer la roue car il y a déjà énormément de choses qui se font au service de l’industrie, je pense notamment à La French Fab ». Le collectif souhaite plutôt agir à son échelle en suivant par exemple le Tour de France de nos industries dans le but de maximiser sa visibilité, de donner envie à des jeunes d’y participer ou à des établissements d’organiser des visites d’usine. Apporter une coloration digitale aux grands événements et temps forts de l’industrie déjà existants en rapport avec les cinq piliers qu’il porte, le collectif l’a expérimenté en septembre dernier avec Les WorldSkills, une de ses premières vraies mobilisations. Le groupe de professionnels envisagent également de poursuivre cette action avec l’événement Usines ouvertes en avril. « Beaucoup de citoyens n’ont jamais visité d’usines de leur vie, il est important de leur ouvrir les portes quand cela est possible car le nouvel imaginaire autour de l’industrie va se construire comme ça. En montrant ce qui s’y passe ». C’est-à-dire, faire découvrir les différentes palettes de métiers en réalisant par exemple un travail d’images, (reportage photographique), en donnant la parole à un jeune qui vient d’être embauché ou à un salarié proche de la retraite afin qu’il se confie sur sa carrière dans l’industrie. Pour l’animatrice des Influstriels, il y a plein de choses qui peuvent se faire…  

« Les industriels ont un rôle d’incarnation »  

Si le collectif de professionnels est amené à s’exprimer sur les enjeux de l’industrie, à participer à des conférences sans omettre leurs partis pris, ils ne prétendent pas être des passeurs. Les Influstriels n’ont pas non plus vocation à faire le lien entre les dirigeants industriels et la population. « On peut parfois prendre la parole au nom d’industriels mais à mon sens, ça ne fonctionnera pas s’il n’y a pas un changement des mentalités, avance Emilie Le Douaron. Il faut inciter les personnes qui travaillent dans l’industrie, en premier lieu, les dirigeantes et dirigeants d’entreprise à prendre plus la parole. Je sais qu’ils n’ont pas beaucoup de temps mais les industriels ont un rôle d’incarnation, ils doivent montrer l’exemple », poursuit-elle.  

A l’approche de leur premier anniversaire, Les Influstriels se sont fixé plusieurs objectifs : cibler plus les jeunes. Jusqu’à présent, ce sont davantage vers les parents que le groupe de professionnels s’est attelé à faire comprendre que la filière industrielle n’est pas une voie de garage, à expliquer concrètement ce que représente l’industrie aujourd’hui. Aux yeux d’Emilie Le Douaron, certainement pas « un monde de bisounours ». Car, certains métiers de l’industrie peuvent effectivement être assez pénibles. « On leur dit qu’il n’y a pas que des métiers ultra techno ou innovants dans l’industrie, soudeur est un métier difficile mais tellement valorisant, c’est un travail qui a du sens. Je pense qu’il y a une vraie fierté à dire : ‘mon métier sert à quelque chose et ce que je fais à un vrai impact ».  
Montrer l’authenticité de l’industrie sans cacher ses failles. Voilà le second objectif, à destination des industriels que prône le collectif apartisan. Et qu’il compte bien mettre en œuvre dès le mois de mars à l’occasion de la seconde édition du salon international de l’industrie. « Cette année, à Global Industrie, notre volonté est d’aller sensibiliser les acteurs industriels qui sont sur place à l’importance de l’influence digitale. Pour moi, les réseaux sociaux notamment sont un puissant vecteur de communication bien qu’ils puissent énormément faire débat aujourd’hui. Mais toujours est-il, que ce sont des outils de démultiplication, des caisses de résonance énorme. Ne pas les utiliser pour valoriser l’industrie est une erreur ».  

Pour le collectif, la bonne recette est d’user de l’influence digitale à bon escient, avec honnêteté, authenticité et avec un certain niveau d’excellence dans le discours. Toujours dans l’optique d’apporter de nouvelles réflexions autour de l’industrie et de la servir de manière positive.   

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