Benjamin Cohen, fondateur de Y-Brush

Y-Brush, la startup industrielle qui donne le sourire

Fondée fin 2017, Y-Brush fait partie intégrante du paysage industriel français. En proposant une solution pour que chacun ait des dents et des gencives en bonne santé, Benjamin Cohen, son fondateur, a réussi à disrupter un marché des plus classiques. 

Si la brosse à dents électrique est apparue il y a 70 ans, elle ne constitue pas une rupture en soi puisqu’elle reste manuelle, contrairement à des inventions comme le lave-vaisselle ou le lave-linge par exemple. Fondateur de Y-Brush, Benjamin Cohen est revenu sur la conception d’une innovation qui compte aujourd’hui 100 000 utilisateurs quotidien et sur la stratégie d’une société déjà bien implantée à l’international. 

La French Fab : Comment vous est venu l’idée de développer cette brosse à dent en Y ?

Benjamin Cohen : Le brossage des dents, c’est quelque chose que l’on fait parce qu’il faut le faire, ce n’est pas un plaisir. Le deuxième constat est que depuis longtemps, de nombreuses tâches ne sont plus manuelles, mais automatisées. Je me suis demandé s’il y avait quelque chose à faire dans le secteur du brossage et c’est comme ça que le projet est né. Sans oublier que nous avons fait la connaissance d’un dentiste à l’époque qui nous a persuadé que nous tenions une vraie innovation de rupture.

LFF : En quoi votre produit est-il innovant par rapport à vos concurrents ? 

BC : La brosse à dents Y-Brush permet de se laver les dents simultanément. C’est complètement différent d’une brosse à dent électrique standard. Notre produit prend la forme d’une sorte de protège dents, équipé de petits poils, qui vient épouser la forme de la mâchoire. C’est très flexible et le brossage se fait via des vibrations soniques (40 000 vibrations par minute), c’est 75 fois plus puissant qu’une brosse manuelle classique. 

« Notre premier marché, c’était celui des EHPAD » 

LFF : À qui s’adresse votre produit ? 

BC : Notre premier marché, entre 2017 et 2018, c’était celui de la dépendance, beaucoup d’EHPAD et des établissements spécialisés pour personnes handicapées. Ensuite nous avons lancé, sur Kickstarter (entreprise de financement participatif, NDLR) une deuxième version de la Y-Brush qui s’adresse aujourd’hui au grand public, adultes et enfants confondus. 

LFF : On obtient vraiment un brossage efficace en quelques secondes ? C’est prouvé cliniquement ? 

BC : En quelques secondes, avec notre produit, on a la même efficacité de brossage qu’en 2 minutes avec une brosse à dents classique ou électrique. On vient brosser toutes les dents simultanément, au lieu d’une par une. Le brossage s’effectue entre 5 et 15 secondes sur chaque dent, alors que l’on est autour de 1,25 secondes avec un produit standard. Quand on sait que la durée moyenne d’un brossage en France est de 45 secondes… 

LFF : Le Made in France, c’est important chez Y-Brush ? 

BC : Notre plan initial était de se rapprocher d’un partenaire industriel basé à proximité de Lyon. Ça ne s’est pas fait car ils étaient incapables de produire notre technologie, c’est pourquoi nous avons commencé à produire de façon artisanale. Nous avons, par la suite, industrialisé nous-même le process. Aujourd’hui, la plupart de nos partenaires se situent autour de Lyon. Nous essayons de tout produire en France et même le plus localement possible. 

« Nous avons dû développer un procédé industriel pour ensuite pourvoir fabriquer notre Y-Brush » 

LFF : Comment s’est déroulé l’industrialisation de votre entreprise ? 

BC : On a commencé par réaliser des prototypes, à investir dans de la R&D, puis s’est posé la question de la commercialisation. Nous avons dû développer un procédé industriel pour ensuite pourvoir fabriquer notre brosse à dents Y-Brush. Nous sommes la seule usine de brosse à dents électrique en France, d’où notre affiliation à La French Fab. De quelques dizaines de brosse à dents produites artisanalement en 2018, nous sommes passés à une production de plusieurs milliers par mois en 2023. Notre développement s’est fait par phase. Tous les 2-3 ans, on passe une étape supplémentaire, que ce soit en termes de locaux, de stocks ou d’investissement machine. Tout ceci nous permet d’accéder à des nouveaux marchés. Nous étions très présents en ligne au démarrage, alors qu’aujourd’hui notre produit est également disponible en grande surface spécialisée (Fnac, Darty, Boulanger…), en pharmacie et à l’international. 

LFF : Vous avez levé 6 millions d’euros fin 2022. C’est toujours aussi compliqué de lever des fonds lorsqu’on est une startup industrielle ? 

BC : Bien entendu, car il faut énormément de fonds ! Mais nous avons été très bien accompagnés par Bpifrance, en plus de quelques investisseurs privés. Les fonds travaillent avec des grilles de risques et, malheureusement, lorsque c’est trop délicat, ils ne se lancent pas avec vous. Très peu d’entreprise hardware industrielle et BtoC sont arrivées à avoir type de fonds que nous avons levés fin 2022. Si je reviens en 2016, les retours que nous avions sur notre dossier de financement étaient négatifs. On nous prenait clairement pour des fous ! Quand je vois où on est aujourd’hui, avec une usine unique en France, plus de 100 000 utilisateurs, 25 personnes dans la société, Bpifrance et plusieurs belles personnes qui nous accompagnent au capital, c’est une vraie fierté. 

« Nous allons opérer un changement de communication afin d’être davantage grand public » 

LFF : Vous en êtes où dans votre conquête du marché de la santé bucco-dentaire ? 

Nous sommes en très bonne voie puisque nous disposons d’une belle notoriété de marque d’après une étude que nous avions lancé. Derrière deux très grosses marques du marché, nous arrivons en troisième position en tant que challenger. En moins de trois ans, nous sommes arrivés à « entrer » dans la tête des consommateurs. Nous allons également opérer un changement de communication à la rentrée 2023 afin d’être davantage grand public. Notre ambition, en France est que l’on puisse nous retrouver dans tous les points de vente proposant des brosses à dents. 

LFF : Quelle place prend l’international dans votre stratégie ? 

BC : Nous réalisons entre 30 à 40 % de notre chiffre d’affaires à l’international et ce, depuis nos premières pré-commandes en 2018. Notre second marché est aux Etats-Unis, ensuite c’est l’Europe. L’international est un véritable accélérateur pour Y-Brush.

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