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En pleine « renaissance », la filière électronique française connaît ses forces et ses défis

Un parfum de printemps souffle dans l’électronique tricolore. Après un fort déclin dans les années 2000, la filière retrouve de l’éclat, jusqu’à ouvrir de nouvelles usines ou relocaliser. Etats des lieux. 

« Nous sommes en train de changer de dimension », s’enthousiasme Bruno Racault, président d’ALL Circuits, quand on l’interroge sur le méga-contrat de 200 millions d’euros que l’ETI a signé il y a peu avec Renault. Durant les quatre prochaines années, ALL Circuits va fournir des composants électroniques pour les futurs véhicules électriques du constructeur français. Pour y parvenir, l’usine historique de MSL Circuits (entité amirale du groupe ALL Circuits) à Meung-sur-Loire (Loiret), poussera les murs dès 2022. Au total, 5 000 m² s’ajouteront aux 18 000 actuels pour augmenter la production. Jusqu’à 100 recrutements sont attendus.

« Quand nous avons repris l’entreprise en 2009, personne ne croyait en nous », se souvient pourtant Bruno Racault. Le redressement a été spectaculaire. ALL Circuits emploie près de 2 000 personnes et son site du Loiret est « sûrement une des premières usines d’électronique de France ». En un peu plus de dix ans, l’entreprise en péril est devenue fleuron. Comment ? En faisant très tôt le pari de l’automatisation et de la robotique. « Nos machines posent 150 000 composants par heure actuellement, contre 15 000 par heure il y a 15 ans. L’accélération a été colossale », affirme Bruno Racault. De même, « grâce à l’industrie 4.0, nous arrivons à fabriquer presqu’au même coût qu’en Chine ».

Priorité du plan France Relance

Près de la Loire encore, mais 230 kilomètres plus à l’ouest, à Beaupréau-en-Mauges (Maine-et-Loire), Lacroix Electronics doit ouvrir fin 2021 son « usine du futur », baptisée Symbiose. Le groupe mise lui aussi sur la « smart industry » pour conquérir des marchés comme l’IoT (Internet des objets) industriel ou les nouvelles mobilités. « L’ambition est de construire un nouveau fleuron français de l’électronique, un symbole du renouveau industriel en France au rayonnement européen voire mondial », affiche le groupe.

Et ce ne sont là que les exemples les plus visibles de ce rebond électronique français, alors que l’Etat en a fait l’une des priorités du plan France Relance. Mais les spécialistes le savent : la renaissance complète prendra du temps : « Pour mettre au point une usine de pointe, c’est 10 ans de travail », rappelle Bruno Racault. Sans parler de la main-d’œuvre : entre 1997 et 2015, le secteur a vu fondre 35 % de ses effectifs salariés. « Il nous faut reformer ces collaborateurs ».

« La volonté des industriels est forte »

Aujourd’hui, l’heure est bien à l’optimisme. « Des usines d’électronique sortent de terre alors que nous n’en voyions plus depuis des décennies », se félicite Eric Burnotte, le président du Snese (Syndicat national des entreprises de sous-traitance électronique) et directeur général d’Alliansys, une PME basée à Honfleur (Calvados). « La volonté des industriels est forte. Avec encore plus de coordination et de vision politique pour que tout le monde tire dans le même sens, ça ne peut que marcher ! » Pour Eric Burnotte, « l’électronique est un secteur stratégique, une question essentielle de souveraineté nationale ».

La crise sanitaire n’a fait qu’accélérer une tendance à la préférence du Made in France. « De grands acteurs industriels se sont rendus compte qu’ils étaient pieds et poings liés avec leurs fournisseurs asiatiques », explique le président du Snese. À cela s’ajoutent un vrai besoin de proximité et l’enjeu de réduction de l’empreinte carbone globale. En outre, le Made in France « fait aussi vendre en Asie », estime Eric Burnotte, citant les défroisseurs verticaux de SteamOne, dont la fabrication a été relocalisée récemment.

Les atouts de la France

Les points forts de la France sont nombreux. Son savoir-faire national a été préservé. « Après le déclin de la production des produits blancs et bruns, l’électronique professionnelle a survécu et est aujourd’hui bien vivace », analyse Eric Burnotte. La France de l’électronique peut également compter sur les locomotives industrielles que sont les secteurs de l’énergie, des transports, des nouvelles mobilités ou de la défense, ainsi que sur un vrai « terreau d’ingénieurs », dixit Bruno Racault.

« Nous sommes en pleine renaissance, conclut le PDG d’ALL Circuits. L’électronique a toutes ses chances en Europe et nous pouvons retrouver à terme une bonne partie des parts de marché perdues par le passé. »

 

La filière électronique française en bref : 

  • Chiffre d’affaires : 15 milliards d’euros 
  • Entreprises : 1 100 
  • Emplois : 70 000 directs, 150 000 indirects 
  • Activités : production de composants électroniques, connectique, circuits imprimés ; conception et assemblage de cartes et sous-ensembles électroniques, distribution et édition de logiciels embarqués et d’outils logiciels pour la conception des systèmes électroniques. 
  • Un paradoxe : à l’exception notable de STMicroelectronics, la filière est portée par des grands noms tels que Lacroix Elecronics, ALL Circuits, Eolane ou encore AsteelFlash peu ou pas connus du grand public. Ce sont pourtant des leaders européens.  

Source :  Conseil national de l’industrie 

 

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