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Désinfection des usines, mode d’emploi

Les professionnels du nettoyage sortent de l’ombre, et partagent leurs conseils pour désinfecter les sites industriels avant la reprise.

 À quelques jours du déconfinement, priorité au grand nettoyage. Les demandes affluent pour Octopus et son robot de désinfection par micro-nébulisation. Il diffuse des gouttes d’eau et de biocides, assez petites pour se déposer partout sans oxyder les surfaces. Une technologie prometteuse à grande échelle. Mais son CEO, Bertrand Vergne, prône le pragmatisme face à l’ampleur de la tâche : « La désinfection, c’est un compromis entre le coût et l’efficacité attendue. Par exemple, on utilise des biocides qui sont moins efficaces en présence de matière organique sur le virus, mais qui permettent un retour rapide des travailleurs sur le site. » 

Et la priorité est claire : désinfecter les espaces occupés par les travailleurs. « On a reçu une demande de désinfection d’un entrepôt de 18 000 m2 et de 8 mètres de hauteur. Cela coûte très cher en biocides. L’enjeu, c’est de désinfecter toutes les zones où l’homme circule, jusqu’à 2,50 mètres de hauteur. » affirme Bertrand Vergne. Une stratégie qu’encourage aussi Édouard Pick, président de Clinitex, une entreprise de nettoyage des Hauts-de-France. « Mon premier conseil, c’est le discernement. Ce qui est nécessaire, c’est de désinfecter les points de contact : interrupteurs, zones de pauses, machines à café, postes de travail… »

Les industriels peuvent se référer aux fiches métiers et aux guides de bonnes pratiques par secteur, publiés par le Ministère du TravailClinitex aide d’ailleurs à faire passer le message. « On fait beaucoup de pédagogie. Pour le 11 mai, on est en train de vulgariser les protocoles du gouvernement pour donner, à nos clients, toutes les astuces en termes d’hygiène et de désinfection », déclare Édouard Pick. 

 « La désinfection, une affaire sans fin »

De retour sur le site, il faut prendre de nouvelles habitudes pour limiter les risques de contamination. L’entrée et la sortie des bâtiments constituent un point sensible d’après Jacques Pommerand de Bureau Veritas : « tout ce qui sort d’un site doit être fait avec des précautions supplémentaires, comme si c’était du matériel médical et à l’inverse, pour tout ce qui entre, la vigilance doit porter sur les interactions avec les personnes qui livrent en s’assurant qu’il y a une certaine distanciation qui est en place », a-t-il affirmé à Usine Nouvelle.

À ces mesures peuvent s’ajouter un marquage au sol pour organiser les flux de circulation dans les usines, avec une distance physique suffisante. Et pour éviter la diffusion du virus dans l’air, l’usage de la climatisation est fortement déconseillé, d’après une étude réalisée par une équipe de chercheurs chinois relayée par le New York Times.

Sécuriser les sites dans la durée est aussi une question de pragmatisme. Édouard Pick encourage ses clients dans cette voie : « La désinfection est une affaire sans fin. […] Je conseille donc aux entrepreneurs d’impliquer leurs collaborateurs. Nous avons développé un kiosque avec du gel hydroalcoolique, du désinfectant, des lingettes, des outils pour permettre à chacun de désinfecter son poste de travail directement. » 

Les entreprises de nettoyage sortent de l’ombre

Conséquence directe de l’épidémie, l’hygiène est au cœur des préoccupations des chefs d’entreprise. Cela se traduit par une hausse d’activité, comme chez Octopus : « Olivier Somville avait eu l’idée de notre robot en 2014, mais la préparation au risque pandémique n’était pas un sujet d’actualité. Cette année, on a pu réactiver ce marché et on reçoit 5 à 10 demandes par jour », se félicite Bertrand Vergne.

Autre effet positif ? Le regard sur les entreprises de nettoyage a changé. « D’un métier de l’ombre, nous sommes devenus un interlocuteur stratégique pour la reprise de nos clients. Sans nous, ils ne peuvent pas redémarrer », confie Édouard Pick. Même changement en interne, comme le confirme Bertrand Vergne : « Ça a créé une très grande motivation dans les équipes. Elles se sentent investies d’une mission de santé publique. » 

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