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Benoît Lahaye (Groupe Attila) : « L’Accélérateur Néo Pivot m’a permis de comprendre comment révolutionner un business model » 

Le fondateur et président du groupe Attila, premier réseau national spécialisé dans la maintenance des toits, a développé un produit révolutionnaire pour les artisans opérant dans la filière du bâtiment. L’accélérateur Néo Pivot de Bpifrance lui a permis entre autres de penser plus concrètement cet outil innovant, actuellement en phase de production. 

 « Je suis un enfant de l’artisanat français », débute pour se présenter, Benoît Lahaye, à la tête du groupe Attila, premier réseau français de franchises spécialisé dans la maintenance des toits de toutes sortes. Fondée en 2003, l’entreprise qui intervient principalement auprès d’une clientèle professionnelle tout en travaillant avec des particuliers, dispose de 130 agences à travers le pays. Elle opère au côté de 1 400 collaborateurs dans le but de « rendre service aux gens ». 

Augmenter la durée de vie des toits 

Lorsqu’il fonde son entreprise, le dirigeant qui s’est lancé dans l’entrepreneuriat avec l’idée de ne pas « subir le quotidien » mais d’y être proactif, a plusieurs objectifs : trouver des solutions techniques à des problèmes inhérents au monde artisanal et augmenter la durée de vie des toits. Avant de parler du produit qu’il a lancé et pour lequel il a intégré la promotion 4 de l’Accélérateur Néo Pivot de Bpifrance, un petit retour en arrière s’impose. 

« Tout est parti de l’invention d’un robot », raconte l’entrepreneur industriel. A l’époque, les hommes avec qui il travaillait ne « voulaient pas ou n’avaient pas envie de démousser les toitures à la main ». Benoît Lahaye a donc l’idée de créer un robot spécialisé dans le démoussage des toits. Une invention qui lui permet de remporter une médaille d’or au concours Lépine. Bien avant la mise en lumière dans les discours publics de thématiques comme la RSE, l’industriel se penche sur ces enjeux, très présents dans le secteur du bâtiment. « J’ai tout de suite eu envie d’avoir une démarche très innovante : arrêter de consommer des produits trop nouveaux systématiquement ou d’enfouir des déchets ». 

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Pourquoi se lancer en franchise ? Quand il découvre ce modèle économique, Benoît Lahaye se dit qu’il serait utile de partager son invention avec d’autres et ne pas retomber dans cette image de « l’artisan, seul dans son coin ». Le métier de franchiseur l’oblige à se poser des questions. Notamment : comment accompagner des gens qu’il ne connaît pas qui ne sont pas forcément du secteur ? Depuis le développement de son réseau, le groupe Attila a accompagné plus de 150 chefs d’entreprise qui « réussissent tous. On est globalement à 80, 85 % de renouvellement », précise-t-il. 

« Industrialiser la data grâce à l’intelligence artificielle »

De quelle manière réitérer toutes ces réussites ? Pour celui qui mise beaucoup sur « tout ce qui est prédictif et intelligence artificielle », le développement de sociétés comme Open AI, Mistral arrivent à point nommé. Benoît Lahaye commence à explorer les différentes façons de travailler avec cette intelligence artificielle « qui va m’automatiser des analyses, des préconisations ». C’est là que le programme Accélérateur Néo Pivot lancé par Bpifrance, entre en jeu. « Pour moi, ce programme a été une aubaine ». En rejoignant ce programme d’accompagnement sur mesure destiné aux dirigeants de PME et d’ETI industrielles souhaitant lancer une innovation, le fondateur du groupe Attila a une idée très précise : industrialiser, proccesser, grâce à l’intelligence artificielle, la data. Le but étant d’être plus proche des êtres humains. « Souvent, nous pensons que l’IA éloigne les êtres humains mais moi je pense qu’elle nous rapproche car une fois que la donnée est là, nous pouvons enfin entrer dans des phases de coaching, d’accompagnement. » 

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Créer un logiciel révolutionnaire utilisant l’IA et destiné tout spécialement au monde de l’artisanat, c’est travailler sur l’automatisation de certaines tâches essentielles pour l’artisan tout en préconisant ses besoins au quotidien et d’autres améliorations innovantes. Par exemple, grâce à l’IA, les devis faits par l’artisan sont automatiquement générés et permettent d’apprendre en permanence de l’artisan. C’est-à-dire : « de sa manière de chiffrer, des fournisseurs avec qui il travaille, de ses erreurs de chiffrage, de temps dépassés etc. », poursuit Benoît Lahaye. Ce logiciel va se comporter comme le meilleur expert-comptable du monde, voire comme le meilleur coach ou technicien. L’avantage de cet outil est de permettre à l’artisan d’être aidé au quotidien de manière personnalisée, de ne plus être isolé, et ce quel que soit son domaine d’activité dans la filière du bâtiment. Il lui permettra également de gagner du temps. 

Néo Pivot : une mise en relation avec des professionnels de la tech

L’accélérateur Néo pivot a aussi été l’occasion pour le dirigeant d’intégrer une communauté, un collectif de chefs d’entreprise rassemblés pour réfléchir sur la vision de leur projet, sur ce qu’ils souhaitent concrètement faire. « Ces discussions sont très intéressantes car nous nous retrouvons entre pairs pour parler de tous ces sujets et nous repartons encore plus riches. » Benoît Lahaye a tout aussi apprécié la phase accompagnement faite par des experts sur l’étude et la structure du produit, l’existence ou non d’un marché. « Ce qui est aussi génial, c’est que nous sommes mis en relation avec des professionnels de la tech. Ce programme montre vraiment comment révolutionner un ancien business model et voir comment on peut avoir des relais de croissance. » Autre bienfait de ce programme selon l’industriel : l’approche sur mesure proposée par Bpifrance en mettant à disposition des spécialistes de différents segments d’activité : « j’ai été mis en relation avec un spécialiste des réseaux sociaux, un spécialiste de l’intelligence artificielle, un spécialiste de l’expérience-client… Nous ne sommes pas laissés au milieu du champ ». 

Bien au contraire. Le programme Accélérateur sert d’expérimentation pour l’industriel qui se retrouve dans une autre peau. Celui de l’innovateur en plein apprentissage, avec entre les mains « quelque chose de concret, qui existe et qu’on peut commercialiser. Par la suite, « nous quittons le processus Néo pivot et nous reprenons notre rôle de chef d’entreprise qui doit continuer, à investir, à lever des fonds, à recruter etc. » 

Atteindre une centaine de clients d’ici novembre  

Développer un produit technologique propre au monde de l’artisanat n’est pas chose facile mais Benoît Lahaye l’a fait. Actuellement, l’application qu’il a développée est en phase de production, elle est disponible et téléchargeable sur les stores. Mais, la société n’a pas encore communiqué sur le produit et ne l’a pas encore commercialisé. Pour le moment, la volonté de Benoît Lahaye est de laisser les clients tester le produit, s’amuser avec, se l’approprier le plus possible afin qu’ils en deviennent addicts. Le chef d’entreprise espère toucher une centaine de clients d’ici le mois de novembre. A long-terme, il a pour objectif de prendre 10 à 15 % du marché, composé aujourd’hui de 600 000 artisans.  

Que pense le dirigeant du rôle que peut jouer la tech dans un milieu comme l’artisanat ? Ce dernier est selon Benoît Lahaye, le « parent pauvre de l’innovation ». L’industriel s’explique : « dans ce monde, la plupart des gens sont extrêmement chargés en termes de travail, ils doivent faire leurs devis, leurs factures, leur chantier, et ils sont seuls. C’est tout ce qui fait la différence entre une toute petite boîte et des grosses boîtes qui ont des moyens, des professionnels à leur service ». Voilà pourquoi, il pense que « la bonne technologie est celle qu’on utilise sans effort » et que la tech doit aussi permettre de convaincre des gens qui n’ont pas envie ou pas le temps d’en faire….  

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