Design Sans Titre (83)

Industriels résistants : « Il faut être tenace, nous y arriverons » (Bénédicte et Jean-Claude Paladini, Palchem)

Qu’est-ce qui pousse un dirigeant à construire un nouveau site industriel ? Quelles sont les principales étapes d’un projet industriel ? Dans son étude « Industriels résistants en des temps turbulents », Bpifrance Le Lab a donné la parole à plusieurs entrepreneurs qui ont entamé des projets d’implantation ou d’extension de site industriel. Retrouvez les témoignages de Bénédicte Paladini, Directrice Générale de la PME familiale Palchem et de Jean-Claude Paladini, son Président. 


Pouvez-vous nous décrire PALCHEM en quelques mots ? Quelles ambitions stratégiques soutiennent aujourd’hui la croissance de votre entreprise ?

Nous sommes une PME familiale dont 80 % de l’activité est la production chimique de matières premières pour l’industrie pharmaceutique de l’étape clinique à la mise sur le marché des futurs médicaments. Notre valeur ajoutée se situe dans notre capacité à fabriquer du sur mesure, en petites et grandes quantités, de manière agile et flexible. Notre objectif est d’accroître nos volumes produits pour satisfaire nos clients et garder notre chaîne de valeur en France. Grâce à la qualité de notre production et de nos approvisionnements, nos clients internationaux (Europe, Inde, Japon), qui constituent plus de la moitié de notre CA, ne regardent plus seulement le critère du prix mais reconnaissent aussi la pertinence de notre stratégie d’approvisionnement et la qualité de nos produits. Nous commençons même à remplacer des sources en Asie,
car nos concurrents là-bas rencontrent des problèmes d’approvisionnement, de qualité ou de sécurisation que nous n’avons pas.

Dans quel cadre stratégique ce nouveau site industriel vient-il nourrir les ambitions de développement de l’entreprise ?

Notre usine actuelle a atteint sa capacité maximale. Avec deux usines, nous pourrons doubler notre production, en volume, comme en diversité, et maintenir un service continu, même quand l’une des chaînes est en maintenance.

Lire aussi / Implantation de site industriel : quel mode d’emploi ? 

Quel lieu avez-vous finalement choisi pour cette nouvelle implantation ? Quelles ambitions mettez-vous dans ce futur site ?

Nous allons étendre notre site actuel car nous possédons la réserve foncière dans le bassin minier. Au fil des ans, nous avons effectué des rachats progressifs autour du bâtiment central. Nous profitons également de notre qualification « SEVESO » seuil bas, là où sera implanté notre deuxième usine, continuant ainsi à protéger notre environnement proche grâce à notre démarche d’amélioration continue. Ce territoire, nous souhaitons y rester. J’y (Bénédicte) ai grandi et je suis allée au lycée à proximité. Nous avons énormément de belles choses à faire dans ce territoire. Nous visons des installations très modernes, à la pointe des normes, avec des panneaux solaires sur le toit.

Le point fort de notre usine est qu’elle sera semi-automatisée : tout sera polyvalent. Nous avons pris la décision de ne pas faire de lignes dédiées pour être agile et pouvoir réagir aux demandes clients en un temps record, grâce à des collaborateurs qui comprennent la chimie et se passionnent pour ce que nous faisons : notre besoin en flexibilité nous amène à un besoin de personnel qualifié. Nous réaliserons également un effort sur l’approvisionnement de matériaux pour construire l’usine auprès de fournisseurs français : 100 % de nos cuves viennent déjà d’Alsace. Nous préférons travailler en local.

Lire aussi / Industriels résistants : « Notre nouveau site nous a fait réaliser des gains de productivité » (Benoît Houzel)

Quels freins avez-vous à date identifié sur le projet ?

Nous aimerions avoir davantage de soutien de notre écosystème politique local. Si nous n’avons pas leur soutien, notre projet peut susciter des craintes des riverains : nous sommes dans le secteur de la chimie, qui peut avoir son côté fantasmé si on ne le connait pas, alors qu’en fait nous contribuons à la fabrication des médicaments ! Ce n’est pas le cas de tous les acteurs locaux : la Société Industrielle du Nord de France , par exemple, nous a donné de la visibilité quand nous avons remporté un trophée de l’industrie en 2023. Sur le plan administratif, cela a été compliqué pour nous : il y a de constamment de nouvelles démarches à faire que l’on ne connaît pas. Les correspondants que j’appelle ne savent pas nous conseiller. Parfois même, personne n’est capable de nous dire quelle est la bonne voie à suivre !

Avez-vous un enseignement à partager à d’autres dirigeants industriels en France qui se demandent comment mener à bien un projet industriel ?

Il faut être tenace, nous y arriverons car nous voulons aller au bout de notre projet et nous avons des clients qui nous soutiennent, alors il ne faut rien lâcher !

partager cet article

ON VOUS RECOMMANDE AUSSI