Le pédalier Eveia fondé par Vincent Fourdrinier peut être utilisé par petits et grands

Être physiquement actif tout en restant assis. N’est-ce pas le rêve de tout entrepreneur ? Avec Eveia, une start-up qu’il a fondée en 2018, Vincent Fourdrinier souhaite lutter contre un fléau de taille : la sédentarité. “Aujourd’hui, on est assis en moyenne 12 heures par jour, c’est un problème”, raconte ce designer industriel de métier dans un épisode de Génération Fab.

Ce podcast grand public lancé par La French Fab raconte de belles histoires sur l’industrie, à travers le témoignage de plusieurs dirigeantes et dirigeants d’entreprise issus des quatre coins du territoire hexagonal. Ceux-ci viennent présenter un objet du quotidien, symbole de leur aventure entrepreneuriale et de l’industrie d’aujourd’hui, plus écologique, plus innovante, plus inclusive. Porté par la voix de la géographe et autrice Anaïs Voy-Gillis, Génération Fab propose de “réenchanter” une industrie française en pleine transformation.  
 

Eveia, un pédalier portatif et connecté à glisser sous le bureau 

En France, selon l’agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses), 95% de la population adulte peut voir sa santé se détériorer en raison de l’immobilisme ou par manque d’activité physique au quotidien. Comment “remettre en mouvement” des millions d’actifs qui passent beaucoup trop de temps assis ? Eveia, le pédalier portatif, discret, élégant, connecté et conçu pour se glisser sous le bureau, se présente comme une solution bien-être efficace et un dispositif médical pouvant répondre à cet enjeu. Destiné aux petits comme aux grands, ce pédalier de bureau made in France a déjà vécu plusieurs vies. Coup de projecteur sur une innovation qui a déjà séduit 1 600 utilisateurs dans 18 pays. 
 

Big média : Quel a été le déclic derrière votre start-up Eveia ? 
 
Vincent Fourdrinier : Le postulat de départ, c’est mon médecin qui m’annonce en 2017 – j’avais un peu plus de quarante ans – que je fais de l’hypertension. Il m’explique que cette pathologie vient de la sédentarité. A l’origine, je suis designer industriel. J’ai commencé ma carrière en dessinant des voitures puis j’ai évolué dans l’horlogerie d’exception, en Suisse, où j’ai dessiné les montres les plus chères du monde. J’ai aussi fait des hélicoptères, des machines-outils… Je vivais assis à dessiner, lancer des tendances. Après ce diagnostic, je me suis mis à chercher des tas de solutions afin de rester actif tous les jours et être moins sédentaire. J’ai par exemple acheté un ballon Bloon, j’ai testé un tapis de marche, le vélo électrique, plusieurs autres choses. Mais, je me suis rendu compte que rien ne fonctionnait car rien n’a été prévu ou imaginé pour que l’on puisse bouger tout en étant assis. Alors, j’ai décidé de développer un appareil adapté à ma situation. Je parle de mon idée, plein de gens me disent : ‘c’est super, ça m’intéresse’ et en même temps je découvre aussi que la sédentarité touche énormément de personnes et est vectrice de maladies.  

Big média : Quelle est la spécificité du pédalier, qui porte le même nom que votre start-up ? 

Vincent Fourdrinier : Ce pédalier est un objet qui s’utilise très facilement au quotidien, il n’est pas contraignant, et il s’adresse à un marché BtoC et BtoB. Pour quelqu’un qui est à la maison et qui veut faire de l’exercice physique, Eveia, c’est une sorte de vélo d’appartement haut de gamme et qualitatif. Il peut être déplacé où l’on veut, il ne prend pas de place. Il est doté d’une application connectée ou encore (dans les nouvelles versions), peut produire de l’énergie. Pour les entreprises, les personnes en télétravail, celles qui rencontrent des problématiques de santé tels que le mal de dos, le retour veineux ou la prise de poids, ce pédalier est une solution toute faite pour résoudre ces soucis du quotidien. Une fois que les gens ont les pieds dessus, ils n’arrêtent jamais.

On a testé Eveia sur des marchés de santé car on veut qu’il soit considéré comme un pédalier de rééducation, un véritable dispositif médical. On est arrivé à vendre dans des Ehpad, en gériatrie, dans différents secteurs de la santé. Il faut aussi savoir que lorsque je suis allé présenter un prototype de mon produit en 2018, au CES de Las Vegas, j’entends : “Sitting is the new smoking” (Rester assis est le nouveau tabagisme”) On était deux ans avant la crise du Covid et quelque part, ça me rassure car je me dis qu’il y a bien un problème quelque part, et donc des solutions à apporter.  

“L’innovation d’usage est très complexe à faire adopter” 

Big média : Dans Génération Fab, vous racontez être passé par l’étape du redressement judiciaire. Qu’est-ce qui vous a semblé le plus difficile ?  

Vincent Fourdrinier : Je vais d’abord remonter aux débuts d’Eveia, qui ont été assez compliqués parce qu’on s’est véritablement lancés en 2020, en pleine crise sanitaire. Avant cela, j’ai testé une campagne de crowdfunding, qui a bien marché puisqu’on était en prévente dans plus de 18 pays. Mais ensuite, les choses se sont corsées bien qu’ayant fait appel à des business angels et à des investisseurs très intéressés, à cause de la crise sanitaire. Les prix et les délais explosent. On avait prévu de vendre le pédalier à moins de 400 € au départ. Mais, nous sommes arrivés à des coûts de revient qui nous obligent à vendre beaucoup plus cher… J’ai dû me séparer de plusieurs collaborateurs car on a perdu beaucoup d’argent et pris du retard. L’entreprise a été placée en redressement judiciaire et en est sorti en décembre 2024. C’était violent. 
 
Désormais, j’avance beaucoup plus sereinement. Je sais ce que je veux, ce que je ne veux plus, quels marchés je vise. Je me focalise aussi sur l’aspect marketing afin d’avoir une visibilité plus importante en ligne mais aussi sur la partie commerciale en maîtrisant parfaitement mon discours et en travaillant sur une stratégie efficace pour à la fois trouver des financements et ouvrir une usine d’ici un an et demi. Aujourd’hui, je repars quasiment tout seul, depuis juillet 2023, j’ai internalisé la production. On assemble nous-mêmes en interne, on maîtrise toute la chaîne de valeur, cela nous apporte beaucoup de flexibilité et surtout on apprend de nos erreurs. 

Big média : “Produire une innovation, ça nécessite du temps car il faut faire adopter un nouvel usage”. C’est ce que vous dites dans l’épisode du podcast qui vous est consacré. Pourquoi ?  

Vincent Fourdrinier : Ce pédalier, c’est une innovation d’usage et l’innovation d’usage est très complexe à faire adopter. C’est-à-dire, faire bouger quelqu’un qui est assis alors que c’est absolument antinomique quelque part. Il faudrait déjà que les gens aient conscience que vivre assis sans bouger est catastrophique pour leur santé. C’est un autre sujet. Le temps, la durée nécessaire à faire adopter l’innovation est à prendre en compte dans le développement d’un projet industriel. Pour être visible, il faut à la fois être très patient et y mettre les moyens.  

Retrouvez le podcast Génération Fab et l’épisode « Remettre du mouvement au cœur de nos vies » sur Eveia et l’aventure industrielle de Vincent Fourdrinier sur la plateforme Audion. 

https://bpi-1.hub.360.audion.fm/en/generation-fab/remettre-du-mouvement-au-coeur-de-nos-vies-vincent-fourdrinier-eveia/