Transformer les déchets en ressources, créer de nouveaux produits à forte valeur ajoutée, entreprendre et innover durablement. L’upcycling – ou surcyclage – gagne du terrain dans l’économie française. Cette pratique, qui consiste à revaloriser des matériaux usagés plutôt que de les jeter, s’impose peu à peu comme une réponse concrète aux enjeux environnementaux. Elle séduit de plus en plus d’entrepreneurs en quête de sens et de modèles vertueux. La journée mondiale de l’environnement organisée chaque année le 5 juin par le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), vise à sensibiliser le grand public sur les problématiques environnementales et la protection consciente de notre planète. Cette année, le PNUD s’est focalisé sur le défi de la pollution plastique. D’après un rapport de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) réalisé en 2024, sans un encadrement réglementaire renforcé, la production mondiale de plastiques pourrait bondir de 70 % d’ici 2040, passant de 435 à 736 millions de tonnes. Dans ce scénario, seuls 6 % des plastiques utilisés proviendraient de matières recyclées. Avec pour mot d’ordre “mettre fin à la pollution plastique”, cette Journée mondiale est l’occasion de se pencher sur les différents procédés d’upcycling utilisés par les start-ups dans l’industrie de transformation des matériaux, de la mode ou du textile. Focus sur cinq d’entre elles.  

Losanje : la mode circulaire Made in France 

En début d’année 2025, la start-up Losanje, spécialisée dans l’upcycling de textiles en fin de vie provenant de France (de friperies notamment) s’est fixé un bel et grand objectif :  “accélérer l’industrialisation de l’upcycling textile et produire 180 000 pièces revalorisées par an”.  Pour ce faire, les deux entrepreneurs derrière cette jeune pousse – Simon Peyronnaud et Mathieu Khouri – fondée en 2020 à Nevers (Nièvre), ont lancé une campagne de financement participative sur plateforme d’investissement durable Lita.co. Après une levée de fonds réussie en 2023 (2,7 millions d’euros), Losanje ambitionne d’aller plus loin, avec pour projet de créer des vêtements encore plus originaux et surtout plus responsables. Depuis ses ateliers situés en France, la start-up a déjà valorisé depuis sa création, plus de 25 000 kg de vêtements et textiles de seconde main. Son innovation ? Une technologie pour industrialiser et automatiser le processus de découpe des textiles via la robotique. Passer de l’upcycling artisanal à un recyclage des textiles à échelle industrielle.  

Mapea et la plasturgie circulaire 

Créée en 2003, Mapea (membre de La French Fab) fait partie de ces entreprises pionnières dans le domaine du recyclage des déchets textiles en plastiques techniques. Implantée à Fraisses, en Haute-Loire, la start-up spécialisée depuis plus de quinze ans dans le recyclage des plastiques développe, notamment pour le secteur industriel, des polymères recyclés à partir de textiles en fin de vie. La start-up a conçu une gamme spéciale de plastiques techniques destinée aux industriels intégrant des composants plastiques dans leurs produits. En s’appuyant sur des matières issues de l’économie circulaire, la start-up propose une alternative durable aux plastiques techniques traditionnels, tout en répondant aux exigences de performance et de transition écologique des clients. Son ambition : “construire une plasturgie circulaire”.
 

Plaxtil fabrique du plastique écologique  

La crise sanitaire de 2020 a permis à la start-up française créée en 2019, de recycler des masques usagés qui étaient ensuite revalorisés en produits divers, notamment des équerres, rapporteurs mais aussi des cintres. Aujourd’hui, la jeune pousse industrielle s’est engagée dans l’économie circulaire en concevant une solution brevetée de régénération des déchets textiles -vêtements usagés, tissus, masques ou équipements jetables – en un polymère hybride innovant, recyclable et capable de remplacer le plastique vierge dans le secteur de la plasturgie. L’entreprise Plaxtil vise une capacité annuelle de 5 000 tonnes de polymères recyclés et le déploiement d’unités de production sur le territoire, avec à la clé des emplois durables, notamment en insertion solidaire.  

Hedj revalorise les textiles d’entreprises en fin de vie  

A l’origine, la petite société nantaise se dénomme Second Sew et est spécialisée dans la revalorisation d’anciens linges de maison en vêtements pour bébés et enfants. Aujourd’hui, l’entreprise à mission est devenue Hedj, une start-up, à la pointe de l’upcycling textile pour les entreprises. Transformer les déchets professionnels en ressources utiles : voilà à quoi s’attelle la jeune pousse fondée par Roxanne Gheno et Camille Brun-Jeckel. Si chaque année, environ 250 000 tonnes de textiles professionnels sont consommées en France, une grande partie finit incinérée ou enfouie. Transformer une parka en housse d’ordinateur ou en kakémonos, des draps de bains usagés en serviettes en papier… Les textiles récupérés deviennent de nouveaux objets du quotidien. Pour chaque projet, Hedj propose aussi à l’entreprise d’améliorer son impact social et sociétal. 

Replace ou comment recycler les matières premières au plus près  

Fondée en 2019 par Laurent Villemin et Christian Horn, Replace révolutionne le recyclage des résidus composites, longtemps considérés comme non utilisables. Grâce à un procédé breveté d’injection-intrusion, la start-up transforme en une seule étape des déchets plastiques complexes — comme les tubes cosmétiques ou de dentifrices ou films alimentaires souillés — en produits finis ou semi-finis. Il peut s’agir par exemple de mobilier urbain. Cette solution innovante permet de réduire les limites du recyclage traditionnel et de prendre en compte les exigences environnementales. En 2022, Replace a traité près de 1 000 tonnes de plastiques et généré plus de 650 000 euros de chiffre d’affaires.