Tekyn mise sur la durabilité dans l’industrie textile

TEKYN mise sur la durabilité dans l’industrie textile

Avec sa double offre de plateforme collaborative et de machine de coupe 4.0, TEKYN s’est fixé pour objectif de devenir un acteur de la mode durable, comme le détaille André Le Bihan, directeur industriel de la startup.

Le phénomène de « fast fashion » fait l’objet de sévères critiques au sein de l’industrie textile depuis plusieurs années. En cause : une production déraisonnée de vêtements à bas coût avec les conséquences écologiques et sociales désastreuses qu’elle entraîne. C’est pour s’inscrire à contre-courant de cette tendance qu’en 2017, Donatien Mourmant et Pierre de Chanville fondent TEKYN, en Seine-Saint-Denis. Leur objectif : devenir des acteurs de la durabilité dans la mode, en aidant les marques à ajuster leur production en fonction de la consommation, grâce à l’industrie 4.0 et à la digitalisation. 

La startup, qui emploie aujourd’hui 50 personnes, a ainsi développé deux produits phares : une plateforme SaaS de gestion collaborative de la chaîne de production et une machine de découpe laser connectée. Des solutions innovantes qui ont valu à Tekyn d’obtenir le label Vitrine Industrie du Futur en 2022 et qui, selon André Le Bihan, directeur industriel, apportent aux marques « flexibilité et agilité » pour « fabriquer en circuit court la quantité de vêtements nécessaire chaque semaine, en fonction de ce qui est vendu en magasin. »

Une plateforme digitale pour réduire le gaspillage 

Plus de 200 marques françaises et internationales, comme Elise Chalmin, Few, Amarenak, Springart, Maison Guillemette ou encore Vetyver, utilisent actuellement la plateforme de TEKYN. Concrètement, cette dernière met en relation les différents métiers au sein des marques et des ateliers – du chef de produit à l’opérateur, en passant par le responsable du développement et de la production. Via la plateforme, une marque peut partager avec un atelier toutes les informations nécessaires à la réalisation du vêtement (bibliothèque de composants, patron, nomenclature), au suivi de production et passer des commandes. Cet outil facilite la planification et optimise la réactivité des utilisateurs pour faire face aux imprévus, tels qu’un retard de livraison ou un manque de stock.

« De nombreux acteurs du secteur communiquent par mail ou téléphone, ce qui peut engendrer des erreurs, et beaucoup ont tendance à privilégier des tailles de lots importantes en prévision de potentiels aléas », explique André Le Bihan. « Avec notre plateforme, pas d’erreur : les informations sont centralisées et actualisées en temps réel. La communication est plus fluide, les process sont simplifiés et les marques peuvent ainsi adapter leurs commandes au marché. » Résultat : un gain de productivité, de temps et d’argent – en évitant les surstocks et la gestion des invendus en fin de saison – et par conséquent une réduction du gaspillage induit par la taille des lots.

Une machine de découpe automatique et connectée 

En complément de sa plateforme, TEKYN commercialise depuis le début de l’année une machine de coupe laser pour répondre à un autre besoin de ses clients et de leurs commandes en faible quantité. « Nous nous sommes aperçus qu’il y avait un frein majeur qui subsistait pour diminuer la taille des lots au niveau de la découpe », détaille le directeur industriel de TEKYN. « Dans la production de masse, les vêtements sont découpés “par matelas”, c’est-à-dire d’un seul bloc de plusieurs couches, ce qui fait gagner du temps et limite les opérations de préparation. Si on diminue le nombre de couches, la productivité est moindre et les coûts deviennent prohibitifs par rapport à la quantité produite. » 

La machine monopli de la startup résout ce problème en supprimant purement et simplement les opérations de préparation. Connecté avec la plateforme de TEKYN, l’appareil choisit et place de manière automatique le patron adéquat en fonction de la commande, avant de découper le vêtement. Sa technologie Smart Cutting permet, par ailleurs, d’optimiser la matière sur les petites séries, et d’utiliser les chutes de tissu pour la production de nouvelles pièces (upcycling).

Un enjeu de relocalisation pour TEKYN

Autre avantage de ces deux outils proposés par TEKYN : ils sont évolutifs. La startup prévoit en effet d’ajouter à l’avenir de nouvelles fonctionnalités à la fois à sa plateforme (intégration d’autres acteurs en amont de la chaîne) et à sa machine (solution robotisée pour le picking, utilisation de la réalité augmentée), selon les retours et idées de ses clients. Et ce, tout en continuant à travailler sur l’aspect ergonomique et facilité d’utilisation. « Il s’agit de proposer des solutions accessibles au plus grand nombre, pas seulement à des “digital natives” », précise André Le Bihan.

D’après lui, c’est l’un des enjeux clés de la digitalisation. Outre l’amélioration de la productivité et de la durabilité, le passage au numérique peut également faciliter la relocalisation de l’industrie en France. « Ces activités sont historiquement basées sur un savoir-faire important, que nous avons malheureusement perdu en partie. Mais la technologie permet de diminuer cette barrière du savoir-faire pour les opérateurs et de créer de nouvelles compétences. » Pour André Le Bihan, pas de doute, la digitalisation et le 4.0 sont la voie à suivre pour l’industrie textile : « Il ne s’agit pas de digitaliser pour faire joli. C’est une vraie nécessité. »

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