Bahier : de la place du village aux rayons des plus grands distributeurs
Petite charcuterie devenue grande, Bahier accélère son développement depuis la crise sanitaire. Profitant du plan de Relance pour moderniser son système de réfrigération, l’entreprise s’applique à répondre à des enjeux business comme environnementaux.
En 1941 petite boucherie-charcuterie installée à Sceaux-sur-Huisne, l’entreprise Bahier fonctionne désormais avec trois usines, 447 collaborateurs et engrange un chiffre d’affaires annuel de 87 millions d’euros. Si les consommateurs ne font plus sonner la cloche en ouvrant la porte pour commander leurs rillettes au comptoir, ils retrouvent désormais les produits Bahier en libre-service dans les rayons de la grande distribution. Des produits qu’ils n’ont pas boudé pendant la crise, augmentant la quantité de travail des employés des usines ligériennes avant que le soufflé ne retombe. « Le Covid nous a créé un surplus de travail. Les consommateurs se sont rués dans les rayons pendant les confinements. On s’est retrouvés avec 15% à 30% de hausse sur nos commandes. », explique Jean-Yves Venard, directeur général de l’entreprise. Aujourd’hui perturbée par la flambée des prix, la pénurie de certaines matières premières et un volume de produits à la coupe plus faible qu’avant la crise, l’entreprise ne décélère néanmoins pas son développement.
Un projet de modernisation soutenu par France Relance
1 million d’euros. C’est la somme prêtée à l’entreprise Bahier dans le cadre de France Relance. Une belle somme qui lui permettra de financer son projet de remplacement de ses groupes frigorifiques. Capitales pour l’industrie agroalimentaire, ces installations impliquent une grande consommation d’énergie, que Bahier compte réduire en les remplaçant par des machines plus performantes et en construisant un nouveau bâtiment pour les centraliser. « [Cette opération] permettra de baisser notre consommation électrique de 6%. De plus, la récupération de chaleur fatale sur nos compresseurs assurera la couverture de 100% de nos besoins thermiques pour notre production d’eau chaude (100 000 m3 par an destinés au lavage de nos lignes de production), générant ainsi une économie de 12% de notre consommation de gaz naturel. », détaille le directeur général.
En plus d’améliorer la performance de l’entreprise, le nouveau bâtiment aura ainsi un grand rôle à jouer dans la stratégie environnementale menée par Bahier. Jean-Yves Venard complète : « L’aide de France Relance permet de voir plus loin et de poursuivre notre politique d’investissement pour la performance et l’environnement. Cet investissement, au-delà de nous permettre de réduire nos consommations d’énergie va aussi impliquer une réduction de 11% nos émissions de CO² ». De quoi répondre à de nouveaux enjeux, et aux consommateurs de plus en plus vigilants quand il s’agit de leurs produits ou des valeurs de l’entreprise qui les conçoit.
Un secteur influencé par les consommateurs
« En tant qu’industriel du secteur agro-alimentaire, nous sommes conscients du rôle que nous avons à jouer face à l’urgence climatique ». Le projet porté par France Relance n’est pas isolé pour la charcuterie sarthoise. Pour assumer ce rôle d’acteur du climat, Bahier a également pour ambition de mettre en place 4500m² de panneaux photovoltaïques sur des ombrières de son parking principal. Des bornes de recharges pour véhicules électriques y ont déjà pris place, et « beaucoup de projets à venir vont en ce sens ». Guidée par les nouveaux besoins des consommateurs, l’entreprise n’agit pas que dans l’ombre et travaille aujourd’hui également activement à l’amélioration de ses emballages. « Les consommateurs sont de plus en plus attentifs et exigeants concernant les emballages des produits et le tri sélectif », a constaté Jean-Yves Venard. Intégration de matières recyclées, allègement du poids, recyclabilité… « Différents essais sont régulièrement menés sur nos lignes de production pour tester ces nouvelles matières plus vertueuses pour l’environnement », affirme le directeur général.
A côté des préoccupations environnementales des consommateurs, leurs changements de « goûts » ont surpris Jean-Yves Venard. A l’heure où la viande n’a plus la cote pour tout le monde, les produits d’antan ont tout de même réussi à refaire surface : « Nous avons remarqué certains changements : depuis le premier confinement, nos ventes de produits de tête sont en hausse de 10 à 20%. Ce sont des produits « anciens » qui étaient plutôt boudés depuis des années, nous n’expliquons pas cet engouement… Peut-être qu’il ne restait que ça dans les rayons et que les consommateurs ont redécouvert et appris à apprécier ces produits ! ».
Le mystère reste entier pour la charcuterie, qui aimerait également voir ses métiers, anciens comme nouveaux, sollicités par les chercheurs d’emploi et les jeunes. Nous avons des difficultés à recruter des jeunes et tous profils en général notamment pour nos postes en production ou en maintenance. La charcuterie et l’agroalimentaire en général n’est pas un secteur très attrayant mais nous modernisons nos lignes pour réduire la pénibilité sur les postes. Nous recherchons aujourd’hui des profils plus qualifiés pour gérer nos lignes automatisées et proposons de les former en interne. ». L’appel est lancé !
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