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L’industrie agroalimentaire relève le défi des emballages éco-responsables

Si aujourd’hui de plus en plus de consommateurs et d’industriels sont conscients des enjeux environnementaux concernant nos déchets, la question des emballages reste toutefois épineuse. Pour la filière agroalimentaire, trouver les bonnes solutions nécessite de repenser son modèle et ses process. 

En France, environ 5 millions de tonnes de déchets d’emballages ménagers ont été produites en 2018, dont environ un million de tonnes de plastiques, selon un rapport du ministère de l’Agriculture. Une donnée qui a poussé le gouvernement à promouvoir en 2020 la loi relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire (AGEC). Cette dernière met l’accent, entre autres, sur l’éco-conception des emballages tout en visant la disparition progressive des emballages en plastique à usage unique. De nombreux industriels de la filière agroalimentaire se sont d’ores et déjà mobilisés sur ces enjeux : « Si le marché est en perpétuelle mutation, il est évident que nos clients se tournent vers de nouvelles solutions. En 2020, 50% des machines que nous concevons créent des emballages éco-responsables », affirme Nicolas Ducept, PDG de Mecapack, une entreprise vendéenne spécialisée dans la conception et le développement de solutions de conditionnement (machines et emballages).

De l’éco-conception à l’utilisation de matière recyclée

Concevoir des emballages éco-responsables ne se réduit pas simplement au développement de nouveaux matériaux plus écologiques. Amélioration des dispositifs de collecte des déchets et de recyclage, incorporation de plastique recyclé, réduction et allègement des emballages, favorisation du réemploi et de la consigne… « Il n’y a pas une seule bonne éco-conception de l’emballage », indique Géraldine Poivert, cofondatrice de (RE)SET Company, société de conseil qui accompagne industriels, acteurs publics et privés dans la transition environnementale et économique. « C’est une démarche dynamique qui implique pour l’industriel de se poser un certain nombre de questions clés : à quel marché le produit se destine-t-il ? Un pays avec infrastructure de recyclage existante, ou non ? Pour quel type de consommation ? Le produit nécessite-t-il réellement un emballage ? Et si oui, est-il possible de le réduire ou de le réemployer ? », précise-t-elle.

Les industriels ont ainsi la possibilité d’agir dès la conception du packaging, par exemple grâce à l’analyse du cycle de vie (ACV) qui permet de déterminer l’impact environnemental d’un emballage, et/ou de favoriser « l’après » de l’emballage, via le recyclage. « Pendant des années, le plus gros de nos déchets partait en Asie, ce qui est interdit depuis 2019. Aujourd’hui c’est une vraie filière de collecte et de recyclage des déchets en vue de créer des emballages éco-responsables qui se développe en France », détaille Arthur Lepage, PDG de Reborn Plastics, entreprise qui a elle-même intégré cette filière dans son process, afin de fabriquer ses films plastique en matière recyclée. 

Si certains industriels choisissent d’abandonner totalement l’utilisation du plastique, l’amélioration des solutions de recyclage de cette matière en font une option intéressante en termes d’éco-packaging. « Grâce au recyclage, on résout les problèmes principaux du plastique en matière de pollution, à savoir l’extraction de la matière et la fin de vie. Le procédé est de plus peu impactant car il n’utilise pas d’eau et d’énergie contrairement au papier carton. Nous ne sommes pas “pro-plastique à tout prix”, mais passer sur une solution en papier carton, c’est finalement augmenter le bilan carbone de l’emballage », ajoute Arthur Lepage.

L’évolution de tout un modèle

Décalage de temps entre normes et innovation, changement de process, manque de solution technologique pour certains produits, coûts, avis des consommateurs… La filière agroalimentaire fait face à de nombreux défis pour concrétiser cette transition. « Passer d’un emballage à usage unique à du réemployable ou recyclable c’est changer toute une chaîne de valeur, de la politique de sourcing des matériaux, en passant par la chimie, les machines, la logistique, etc. Ce qui ne se fait pas en un claquement de doigts et qui nécessite des investissements importants », observe Géraldine Poivert. Autre enjeu pour les industriels : le respect des normes de sécurité alimentaire, dont l’évolution n’est pas toujours en phase avec les nouvelles innovations en matière d’emballage. « Il faut réussir à s’adapter aux contraintes légales qui évoluent dans un contexte où les solutions peuvent mettre du temps à se mettre en place », souligne Nicolas Ducept.

Favoriser la collaboration

Afin d’accélérer le développement de l’éco-packaging, certains industriels prônent la collaboration entre acteurs. Dans cette optique, le programme (RE)SET Packaging de la (RE)SET Company réunit des leaders de la distribution et des industriels de la filière agroalimentaire pour travailler sur de nouvelles solutions d’emballages éco-responsables. « Il y a un vrai intérêt pour ces acteurs, même concurrents, à collaborer pour mutualiser les nouveaux standards à définir et réduire les coûts d’entrée », affirme Géraldine Poivert, cofondatrice de (RE)SET Company. Des chimistes aux fournisseurs en passant par les fabricants de machines et les distributeurs, ce sont tous les acteurs de la chaîne de valeur qui sont concernés par cette transition. « Il faut associer les compétences et les savoir-faire : le client, l’industriel de l’agroalimentaire, le consommable, les machines, les laboratoires. Le marché et la planète exigent des innovations rapides sur les enjeux des emballages », conclut Nicolas Ducept, PDG de Mecapack.

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