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Microélectronique : le plan de Cortus pour devenir « le Louis Vuitton de la puce » 

Près de Montpellier, Cortus conçoit des composants de microélectronique et désormais des puces de très haute performance. Ambitieuse, l’entreprise veut s’imposer comme un acteur du renouveau français et européen dans le secteur des processeurs et semi-conducteurs. 

Neuf milliards de puces déployées dans le monde et 95 % du chiffre d’affaires à l’export. A Mauguio, tout près de Montpellier, Cortus et ses 84 salariés (une centaine d’ici à la fin 2021) écrivent une belle histoire. En une quinzaine d’années, l’entreprise s’est fait un nom dans le secteur des semi-conducteurs à l’international, grâce à un savoir-faire unique en Europe.

De la licence de propriétés intellectuelles à la création de puces

Retour en arrière. En 2005, Michael Chapman et Duc Nguyen Huu, ingénieurs en micro-électronique de formation, s’associent pour lancer Cortus. La jeune pousse développe d’abord un processeur embarqué 32 bits petit et puissant. Il séduit très vite des secteurs comme la carte à puces, l’automobile et la téléphonie. Malgré une levée de fonds en 2013, le duo Chapman-Nguyen trace sa route, « aiguillé par l’innovation ».

La société héraultaise étend ensuite son portefeuille de PI (propriétés intellectuelles), des composants microélectroniques nécessaires pour fabriquer des puces. Avec un business model fondé sur le licensing, l’entreprise convainc de grands groupes mondiaux, jusque dans le domaine aérospatial. Mais plus Cortus grandit, plus elle prend conscience de la largeur de son expertise, à l’instar d’une design house capable de fournir les PI propres (processeurs et blocs digitaux, analogiques, RF ou de sécurité), l’ensemble des outils nécessaires à la conception d’une puce à signaux mixtes, ainsi que d’intervenir dans la conception et le développement des puces de ses clients. Alors pourquoi ne pas fabriquer ses propres puces ?

Ce sera bientôt chose faite. En 2022, la PME tricolore entrera dans sa « 3e phase de développement » après plusieurs années de transition au cours desquelles la société aura petit à petit cessé de licencier ses PI à bon nombre de ses clients. « Nous continuons à épauler certains d’entre ceux qui n’entreront pas en concurrence avec nos futures puces », assume Duc Nguyen Huu. La stratégie est ferme et ambitieuse.

Des puces 5G haut de gamme dès 2023

L’an prochain, le nouveau Cortus adressera le marché de l’IoT (internet des objets), des microcontrôleurs, puis du HPC (High Performance Computing), des serveurs et des téléphones mobiles, avant de pénétrer l’univers de l’IA et des puces 5G dès 2023. « Nous voulons devenir le Louis Vuitton de la puce, entre le milieu et le très haut de gamme », assure le dirigeant.

En Europe, la place est libre. A l’heure où Bruxelles et la France font de la relocalisation du secteur électronique une question de souveraineté et une priorité stratégique, Cortus, qui a récemment reçu une aide dans le cadre du plan France Relance, fait figure d’exception. « Nous voulons être des acteurs de cette souveraineté nationale et européenne », insiste Duc Nguyen Huu.

Si son succès est éclatant, la PME se voit aujourd’hui freinée par une difficulté : le recrutement. « Nous avons un besoin urgent de 30 ingénieurs avant le 31 décembre et nous peinons à les trouver ! Les profils bien formés en microélectronique en France sont trop rares », affirme le directeur général. Conséquence, Cortus plafonne. Mais l’entreprise reste plus que jamais déterminée à rester en France et à s’y imposer comme un leader continental. « Notre ambition ultime est de remplacer en Europe des acteurs comme Intel ou AMD et de mettre fin à cette dépendance risquée aux fabricants américains », glisse Duc Nguyen Huu.

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