grain-de-sail

Du chocolat au vin, de la Bretagne à New-York : Grain de Sail fait du transport maritime zéro carbone une réalité

Torréfacteur, chocolatier, armateur, distributeur… Depuis sa création en 2013, Grain de Sail a multiplié les casquettes, dans un ordre bien précis et avec toujours le même objectif : créer son propre voilier cargo pour ouvrir la voie à un transport maritime de marchandises neutre en émissions de gaz à effet de serre.

En créant Grain de Sail, Jacques et Olivier Barreau ont souhaité allier l’utile pour la planète, à l’agréable pour les papilles des Français. À l’heure où le transport maritime de marchandises international est responsable de 3,1% des émissions annuelles mondiales de gaz à effet de serre (GES) – dont 80% causées par le seul transport conteneurisé –, décarboner ce secteur est apparu à la fois comme une urgence et une évidence pour les deux frères. Ainsi est née l’idée de construire un voilier cargo zéro carbone, capable de traverser l’Atlantique sans impact sur la planète. 

Mais plutôt que d’investir immédiatement dans la construction d’un navire, les frères ont préféré se concentrer d’abord sur ce qu’ils allaient affréter : le café et le chocolat, deux produits venus de loin, associés à une empreinte carbone importante, et dont pourtant nombre de Français auraient bien du mal à se passer

Du raisin à la Grande Pomme

L’aventure transatlantique de Grain de Sail a donc débuté par l’importation de café depuis l’Amérique latine et une activité de torréfaction à Morlaix, en Bretagne, avant de s’étendre au chocolat en 2016. « Le domaine maritime est très compliqué et demande beaucoup de maîtrise, mais j’ignorais qu’être couverturier (fabricant et/ou vendeur de chocolat NDLR.) était tout aussi complexe », se souvient le fondateur. Une fois que la société, grâce à ces deux produits phares, a atteint un chiffre d’affaires confortable, elle a été en mesure de mettre en branle la construction de son voilier cargo. L’idée, pour ce dernier : reprendre l’activité d’import et lancer celle d’export vers une destination toute trouvée. 

« Quand on regarde au loin depuis la côte ouest française, que voit-on ? New York. C’est donc là-bas qu’on a décidé de se lancer. Voilà tout simplement d’où vient notre stratégie marketing d’export », plaisante Jacques Barreau. Mais pour mettre le cap vers le marché américain et séduire les New-Yorkais, c’est vers un autre produit, très français, que Grain de Sail s’est tourné : le vin. Lors de sa première traversée en 2018, le voilier transporte ainsi dans sa cale d’une capacité de 50 tonnes, du vin bio de première qualité, soigneusement sélectionné.

Voir plus grand pour un impact toujours plus petit

Le navire achève cet été sa deuxième boucle transatlantique vertueuse. Son retour est programmé pour mi-juillet à Brest, avec dans ses cales, du vin, quelque 36 tonnes de cacao et une tonne de café vert. Avec son prochain aller-retour prévu pour cet automne, Grain de Sail compte accélérer son activité d’import-export – grâce notamment à son second voilier Grain de Sail 2, d’une longueur de 50 mètres et d’une capacité de 350 tonnes, qui est actuellement en cours de conception et sera opérationnel courant 2023. En parallèle, Jacques Barreau souhaite développer une autre approche commerciale à même de réduire au minimum l’empreinte de ses produits. « La véritable solution réside finalement dans le local. Nos voiliers assurent un transport zéro carbone mais en produisant sur place et en distribuant au plus près, nous éliminons des étapes et rendons notre démarche encore plus vertueuse », explique-t-il. 

Ouverture d’une deuxième usine de torréfaction et de chocolaterie à Dunkerque et duplication du modèle en Europe et à New York, exploitation d’un potentiel nouveau produit, essor de la République Dominicaine comme hub logistique… Grain de Sail maintient la barre vers la croissance, porté par une feuille de route solide, un équipage expert et des valeurs partagées par-delà les mers. 

Conseils d’entrepreneur

Que ce soit pour lancer son entreprise en France ou l’étendre à l’international comme Grain de Sail, il est primordial de « garder les pieds sur terre » concernant ses moyens et ses objectifs, insiste Jacques Barreau, dirigeant et cofondateur de Grain de Sail. Garantir le succès de son entreprise repose ainsi sur deux points clés :

  • Concevoir son modèle économique de manière objective. Le Business Plan d’origine est absolument central et va servir d’outil pour vérifier que l’entreprise est durable sur le plan financier. 
  • Transformer cet outil initial en outil de prévisions, court et surtout moyen terme (jusqu’à 3 ans) et de pilotage financier qui permettra de suivre les deux critères essentiels que sont la trésorerie et les soldes intermédiaires de gestion (SIG). « Nous avons développé notre outil chez Grain de Sail et chaque décision, qu’il s’agisse d’une embauche ou de l’achat d’une machine, y est intégrée afin de mesurer son impact sur la trésorerie future et les SIG – et donc le moyen terme. »

« Il faut rester lucide dès le début et être capable d’anticiper. C’est cette capacité à voir venir les choses qui fait un bon pilote », conclut Jacques Barreau.

 

partager cet article

ON VOUS RECOMMANDE AUSSI